S’il est certainement le plus sympathique des garçons en dehors de la course, plus Tadej Pogacar se rapproche d’une ligne d’arrivée, plus il devient un prédateur. À l’arrivée de la 7e étape, au bout de l’interminable grimpée de la Super Planche des Belles Filles, le maillot jaune n’a fait qu’une bouchée de Jonas Vingegaard, lequel semblait bien parti pour marquer un (petit) coup psychologique mais qui en sera quitte finalement pour une nouvelle déception et quatre secondes de bonification supplémentaires concédées. Il faut dire que le double vainqueur de la Grande Boucle avait fait de cette étape, bien en amont du Grand Départ déjà, son principal objectif de la première partie de ce 109e Tour.
« C’était dans ma tête depuis très longtemps », avoua le coureur d’UAE après avoir conquis un 8e succès au Tour, son deuxième en 2022. « C’était un très grand objectif de m’imposer aujourd’hui, que j’aie ou non le maillot jaune. Je voulais gagner cette étape. »
Il y a deux ans, c’est sur ces mêmes pentes qu’il avait arraché le maillot jaune des épaules de Primoz Roglic pour remporter sa première victoire dans le Tour. Mais il avait d’autres motivations ce vendredi que de commémorer ce triomphe.
« Je savais qu’Urska, ma fiancée, et une partie de ma famille seraient là, disait encore Tadej Pogacar. Nous avons lancé une fondation destinée à trouver des fonds pour la recherche contre le cancer. C’est pour cela que je portais des chaussures spéciales pour faire parler de la campagne. »
Fin avril, la mère de sa compagne avait été emportée par le cancer et on comprend que Pogacar tenait tout spécialement à lui rendre hommage en s’imposant et en faisant parler de sa fondation caritative. Pour y parvenir, le Slovène, dont l’équipe avait travaillé toute la journée, dut lui aussi s’employer sur l’attaque de Vingegaard.
«Vingegaard est le meilleur grimpeur au monde, c’est mon principal concurrent»
« Ce fut très dur, avoua Tadej Pogacar. J’ai dû tout donner pour le rattraper car il est très fort et j’étais à la limite. Je suis content, l’équipe avait beaucoup travaillé et j’ai pensé à mes équipiers, je ne pouvais pas leur faire cela après tout ce boulot. »
Le porteur du maillot jaune a aussi évoqué Jonas Vingegaard qu’il considère, et le classement évidemment le confirme, comme son premier rival.
« Jonas a vraiment attaqué très fort, c’est un vrai grimpeur, sans doute le meilleur au monde, a dit le maillot jaune. C’est aussi un excellent rouleur et il a une super équipe autour de lui. Il est mon principal concurrent. »
Alors que la course doit seulement arriver dans les Alpes, le Slovène a pourtant fait travailler son équipe afin que l’échappée du jour ne prenne pas trop de champs.
« Je sais que c’est du boulot, ce n’est pas je ne voulais pas abandonner le maillot, je le répète, je voulais cette étape, dit-il. Les sept premiers jours se sont bien déroulés pour moi, mais le Tour est loin d’être terminé. Vous avez vu aujourd’hui, combien il y avait encore d’hommes forts sur la fin. Il n’y avait qu’une seule montée et il reste énormément de montagne. Les écarts ne sont pas énormes, rien n’est fait mais je suis confiant et je ferai tout pour défendre le maillot jaune. »
Le Slovène n’a même pas peur d’une alliance de ses adversaires.
« Cela peut arriver, mais à la fin, seules les jambes parlent, dit-il. C’est sûr, nous aurons encore des attaques, mais c’est la même chose si je suis face à un ou plusieurs adversaires: il faut toujours appuyer sur les pédales. »