Cours d’histoire, refus du réel, tentative de consolider des digues qui prennent l’eau de toutes parts… Il y avait de tout cela dans le discours du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, à son hôte à Bethléem, Joe Biden, vendredi 15 juillet. Face au président américain, qui s’envolait pour l’Arabie saoudite après deux jours en Israël et une matinée dans les territoires palestiniens occupés, M. Abbas a rejeté une nouvelle fois la normalisation des relations entre l’Etat hébreu et une partie du monde arabe – que M. Biden se fait fort de promouvoir.
A plusieurs reprises, le « raïs » a rappelé l’existence de « l’initiative de paix arabe » : le plan conçu en 2002 par le prince héritier saoudien Abdallah et adopté cette même année par la Ligue arabe, qui subordonnait la normalisation avec Israël à la création d’un Etat palestinien viable. Cette initiative a été enterrée par les accords de normalisation diplomatique, signés en 2020, sous le parrainage de Donald Trump, entre Israël d’un côté et les Emirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc de l’autre. Mais le plan de 2002 demeure officiellement la norme à Riyad, autorisant M. Abbas à exhorter Salman, l’actuel souverain saoudien, à ne pas l’oublier.
Il y avait quelque chose de terriblement anachronique dans la rencontre d’Abou Mazen, le surnom de M. Abbas, âgé de 87 ans, avec Joe Biden, 79 ans. Elle fut l’occasion pour le président américain de rappeler, plus clairement que jamais durant son mandat, son attachement à une solution à deux Etats sur les frontières de 1967. Le mode de règlement du conflit israélo-palestinien amorcé par les accords d’Oslo (1993), qui, faute d’avoir été suffisamment défendu par les grandes capitales occidentales, à commencer par Washington, semble aujourd’hui mort, bien que jamais enterré.