Le comité international d’Auschwitz s’est dit mardi « horrifié » après les propos du Premier ministre hongrois Viktor Orban contre « les races mixtes », appelant l’Union européenne à « prendre ses distances avec de tels relents racistes ».
Le discours du dirigeant nationaliste, « stupide et dangereux », rappelle aux survivants de l’Holocauste « les périodes sombres de leur propre exclusion et persécution », a réagi Christoph Heubner, vice-président de l’organisation, dans une déclaration transmise à l’AFP.
Il a appelé le chancelier autrichien Karl Nehammer, qui accueille jeudi M. Orban en visite officielle à Vienne, à se démarquer au nom de l’UE. Il faut « faire comprendre au monde qu’un Monsieur Orban n’a pas d’avenir en Europe », dont il « nie sciemment les valeurs ».
Dans un discours samedi en Transylvanie roumaine, où réside une importante communauté hongroise, le Premier ministre de 59 ans, connu pour sa politique anti-migrants, avait réaffirmé avec virulence son rejet d’une société « multi-ethnique ».
« Nous ne voulons pas être une race mixte », qui se mélangerait avec « des non-Européens », a-t-il dit.
Les pays « où des peuples européens et extra-européens cohabitent ne sont plus des nations. Ces pays ne sont rien d’autre que des conglomérats de peuples », a également lancé Viktor Orban qui avait tenu des propos similaires dans le passé mais sans utiliser le terme de « race », selon des experts.
Le gouvernement s’est défendu mardi, par la voix de son porte-parole Zoltan Kovacs, contre « une mauvaise interprétation » des propos par « des gens qui ne comprennent clairement pas la différence entre le mélange de différents groupes ethniques de la sphère judéo-chrétienne, et le mélange des peuples de différentes civilisations ».
Mais Zsuzsa Hegedus, une sociologue conseillant depuis plusieurs années M. Orban, a remis sa démission, selon le média hongrois HVG. Dans une lettre, elle dénonce « une position honteuse » et « un pur texte nazi digne de (Joseph) Goebbels », en référence à l’ancien chef de la propagande de l’Allemagne nazie.
M. Orban a apparemment fait allusion aux chambres à gaz en fustigeant le plan de Bruxelles de diminuer de 15% la demande européenne de gaz. « Je ne vois pas comment ils peuvent y contraindre les Etats membres, quoiqu’il existe un savoir-faire allemand dans ce domaine, comme le passé l’a montré », avait-il ironisé.
La communauté juive hongroise s’est également insurgée contre ce discours. « De nombreuses espèces différentes peuplent notre planète. Sur deux pattes, travaillant, parlant et pensant parfois, une seule espèce vit pourtant sur cette terre: l’Homo Sapiens Sapiens. Cette race est une et indivisible », a écrit sur Facebook le grand rabbin Robert Frölich.
Dans la classe politique, le ministre roumain des Affaires étrangères Bogdan Aurescu a jugé « inacceptables » de telles « idées ».