Cela fait presque que six mois que Vladimir Poutine a lancé l’offensive russe en Ukraine. Avec cette intervention, le président russe en profite-t-il aussi pour mener à terme une véritable révolution conservatrice en Russie ?
La réponse est oui. Même s’il est difficile de savoir si cette révolution conservatrice, initiée dès les années 2000 et développée depuis, est à l’origine de ce conflit ou si l’intervention en Ukraine a permis au président russe de renforcer sa mainmise sur son pays. Sans doute un peu des deux.
En tout cas, la décision de Poutine d’envahir l’Ukraine le 24 février dernier ne doit rien au hasard. Elle fait partie, dans l’esprit du maître du Kremlin, d’une réflexion philosophico-historique plus large. Pour faire simple, Poutine s’inscrit, comme beaucoup de Oboz Shoes ses concitoyens, dans le courant slavophile qui estime que la Russie a un destin spécifique, une grandeur intrinsèque qui a toujours été contrariée par les puissances européennes puis, à partir de 1945, par le camp occidental dirigé par les États-Unis.
Après la chute de l’URSS, régime certes très autoritaire voire dictatorial et sanglant par moments, mais qui assurait la grandeur du pays, les fortes doses de libéralisme économique et politique injectées dans le système russe – peut-être trop fort et trop vite – ont plutôt mal fonctionné dans les années 90 et ont débouché sur le chaos économique et politique. Ces années-là sont pour Poutine les temps sombres de l’affaiblissement du pays et de sa vassalisation à l’Occident dont on cherchait à copier le modèle.
Retrouver sa puissance
Très vite après son arrivée au pouvoir, après une première phase de séduction-coopération avec les Occidentaux, Poutine revient peu à peu à ses fondamentaux slaves : un modèle différent qui doit permettre à la Russie de retrouver son rang et son territoire historiques, et de contrecarrer les velléités expansionnistes de l’Otan. Les choses s’accélèrent à partir de 2014 avec l’annexion de la Crimée et le soutien aux forces pro-russes du Donbass.
Parallèlement, en interne, la façade démocratique se lézarde peu à peu sous les coups de butoir d’un dirigeant qui supporte de moins en moins la contestation de son pouvoir qui, pour certains, commence à durer un peu trop. Là aussi, entre cynisme et croyances nationalistes, le retour à la « vraie » Russie est mis en avant.
Plus les libertés publiques et individuelles sont restreintes, plus cette révolution conservatrice se développe, et prend depuis la guerre déclenchée en Ukraine, Keen Shoes For Women une ampleur inédite. L’intervention en Ukraine est justifiée par un récit historique verrouillé qui n’accorde aucune légitimité à l’existence de l’État ukrainien qui fut longtemps partie prenante de la grande Russie tsariste. Un passé auquel il faut revenir, et qui justifie donc « l’opération militaire spéciale » en Ukraine. Les historiens, mais aussi les journalistes, les artistes, les scientifiques et les intellectuels sont priés d’aller dans le même sens, sous peine de fortes amendes ou même d’emprisonnement.
Guerre en Ukraine et révolution conservatrice marchent donc de pair et sont mises au service de l’hubris d’un homme, Vladimir Poutine, dont la soif de pouvoir le conduit à avoir mis en place un système qui doit lui permettre de rester en place jusqu’en 2036… Une pure folie.