La fille de l’idéologue ultranationaliste russe Alexandre Douguine, Daria Douguina, a été tuée, samedi 20 août au soir, dans l’explosion du véhicule qu’elle conduisait près de Moscou. Son père, penseur de l’« eurasisme » et de la « Grande Russie », avait défendu l’annexion de l’Ukraine et est réputé comme ayant une grande influence dans les cercles géopolitiques à Moscou. Selon les enquêteurs russes, l’explosion serait due à une bombe.
Aux alentours de 21 heures, l’explosion s’est produite sur une voie rapide de la région de Moscou. Au volant de la voiture, qui a immédiatement pris feu, se trouvait la jeune journaliste et politologue Daria Douguina, 30 ans, qui n’est autre que la fille du philosophe et théoricien nationaliste russe Alexandre Douguine.
Selon les informations de divers canaux Telegram réputés proches du gouvernement et confirmées ensuite par la chaîne Pervy Kanal, le père et la fille revenaient du festival « Traditions », un rassemblement nationaliste russe dans la grande banlieue de Moscou.
Et d’après les mêmes sources, généralement très bien informés, le véhicule qui a explosé est celui d’Alexandre Douguine lui-même, qui serait finalement monté dans une autre voiture. Ce qui pourrait porter à croire que c’est l’idéologue qui était visé par l’éventuel attentat.
L’homme de 60 ans, géopoliticien, promoteur de « l’Eurasisme » qui milite pour un grand empire eurasiatique de Lisbonne à Vladivostok et dominé par la Russie, est décrit depuis une vingtaine d’années déjà comme l’un des cerveaux du Kremlin. Une proximité réelle avec le pouvoir russe – sans doute parfois exagérée en Occident -, mais l’homme est réputé en Russie comme ayant eu un temps l’oreille de Vladimir Poutine, sur ses deux premiers mandats notamment.
Récemment, Alexandre Douguine avait repris la lumière : de nombreux observateurs voyaient en effet la remise au goût du jour de son idéologie – un impérialisme russe agressif vis-à-vis des pays voisins – dans le déclenchement de l’intervention russe en Ukraine.
Les autorités évoquent une « piste ukrainienne »
La porte-parole du Ministère des Affaires étrangères russe, Maria Zakharova, a réagi en affirmant que « si la piste ukrainienne venait à se préciser, cela confirmerait la « politique terroriste » menée par Kiev ». Car c’est pour l’instant la théorie qui domine très largement à Moscou, alors que l’Ukraine a rapidement nié toute implication.
Les médias gouvernementaux se contentent eux de reprendre les éléments factuels donnés par le Comité d’enquête russe. Plus volubiles ont été les commentateurs et experts russes, qui expliquent que cet évènement de grande magnitude pourrait changer la donne en Russie et en Ukraine. Plusieurs durs du régime appellent déjà à la « vengeance » contre Kiev, ou en tout cas à une plus grande fermeté de Vladimir Poutine, qui pourrait en sortir fragilisé. Car pour toute une frange du nationalisme russe, c’est en effet l’une des leurs qui a été assassinée.