Le dernier bilan des manifestations en Iran fait état de 35 morts, selon les médias d’État, 50 selon l’ONG d’opposition Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo. La colère ne faiblit pas huit jours après la mort de Mahsa Amini, une jeune femme de 22 ans arrêtée par la police des mœurs pour un voile mal mis. Vendredi soir encore, des protestataires sont descendus dans les rues.
Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux nous parviennent d’Iran, même s’il faut les prendre avec précaution car elles sont difficilement vérifiables. On y voit toujours les mêmes scènes : des manifestations de nuit, dans les rues, avec des slogans hostiles au régime. Beaucoup de jeunes, des femmes dévoilées, mais aussi des hommes. La circulation est entravée, des pneus ou des véhicules sont incendiés.
Et puis il y a ces images de répression par les forces de l’ordre. Comme cette vidéo largement diffusée et vérifiée par l’AFP, où l’on voit un homme en uniforme pointer son arme apparemment vers des manifestants et tirer, à Shahre Rey, dans le sud de Téhéran. Le régime est décidé à mater la rébellion, il parle d’émeutiers, et de complot ourdi par l’Occident. Dans le nord du pays, le chef de la police de la province de Guilan a annoncé l’arrestation de « 739 émeutiers parmi lesquels 60 femmes », selon l’agence Tasnim.
Vendredi, il a organisé des contre-manifestations à Téhéran notamment où des centaines de femmes en tchador ont défilé pour défendre le port du voile. D’autres rassemblements sont prévus dimanche après-midi.
Accès à internet limité
Les autorités ont aussi ralenti l’accès à internet et aux réseaux sociaux, mais cela n’empêche pas complètement les Iraniens de continuer à témoigner. Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), organisme de surveillance des médias basé aux États-Unis, a indiqué que onze journalistes avaient été arrêtés en Iran depuis lundi.
C’est la mort de Mahsa Amini qui a déclenché ces manifestations. Âgée de 22 ans, cette jeune fille a été arrêtée le 13 septembre à Téhéran pour « port de vêtements inappropriés » par la police des mœurs, chargée de faire respecter le strict code vestimentaire de la République islamique, et elle est décédée trois jours plus tard à l’hôpital.
Le ministre de l’Intérieur a déclaré que l’enquête avait montré que Mahsa Amini n’avait pas reçu de coups causant sa mort lors de son arrestation, rapporte notre correspondant à Téhéran, Siavosh Ghazi. Il a ajouté que les restrictions imposées sur internet, et surtout sur Instagram et WhatsApp, seront maintenues tant que les manifestations se poursuivront.