Pour préparer les négociations formelles de la COP27 à Charm el-Cheikh, en novembre prochain, trois jours de discussions climatiques, dont deux entre les ministres de l’Environnement du monde entier se sont tenues à Kinshasa cette semaine. Après une COP26 décevante à Glasgow, les attentes sont fortes pour faire de la COP27 égyptienne une réussite. Mais le contexte de la guerre en Ukraine et les difficultés économiques qu’elle entraîne ont donné à la pré-COP de Kinshasa une tournure particulière.
Comme attendu, les pays du Sud ont plaidé leur cause et mis le monde industrialisé devant ses responsabilités durant les deux jours de la pré-COP27 organisée à Kinshasa, à un mois du sommet sur le climat prévu en novembre en Égypte. Journaliste du service Afrique de RFI en charge des questions environnementales, Claire Fages dresse le bilan du rendez-vous congolais.
Quel bilan pour la pré-COP 27?
Les ministres et spécialistes de l’Environnement d’une soixantaine de pays ont achevé mardi soir leurs discussions sur les thèmes habituels des négociations sur le climat : adaptation, atténuation, finance, pertes et préjudices.
Il n’y a pas eu de déclaration finale, mais c’est le propre de ces pré-COP, lieux de « discussions à bâtons rompus », a rappelé Tosi Mpanu Mpanu, négociateur de la République démocratique du Congo (RDC) aux conférences climat des Nations unies. « Les pays peuvent discuter de manière plus audacieuse, plus osée, sachant que rien ne leur serait imposé comme conclusion finale », a-t-il déclaré à l’AFP. Tout le monde n’est pas d’accord, mais tous ont « identifié l’urgence de l’action climatique ». « Du point de vue de la diplomatie climatique, c’est un succès », a-t-il jugé.
La ministre de l’Environnement de RDC, Eve Bazaïba, à la manoeuvre depuis des semaines pour piloter cette pré-COP co-organisée avec l’Egypte, semblait satisfaite elle aussi en annonçant dans la journée la formation prochaine d’un front commun des grands pays forestiers que sont la RD Congo, le Brésil et l’Indonésie. Il s’agira pour eux de se présenter en force aux négociations sur le climat et la biodiversité, pour parler préservation du couvert forestier mais aussi de « l’accès aux finances climat » et du « prix de la tonne de carbone ».
Au coeur du Bassin du Congo, la RDC, avec des discours très fermes, avait donné le ton dès l’ouverture de la pré-COP. Comme nombre d’autres pays en développement, la RDC aura de plus en plus de mal à « opérer un choix » entre la lutte contre « l’extrême pauvreté » et « la lourde facture à payer pour l’adaptation au changement climatique », si les pays industrialisés ne lui offrent pas « d’alternatives technologiques et financières conséquentes ». « Nous avons besoin d’oxygène, nous avons aussi besoin de pain », avait lancé Eve Bazaïba.
Le chef du gouvernement Jean-Michel Sama Lukonde s’était quant à lui emporté contre ceux qui voudraient empêcher la RDC d’exploiter son pétrole, alors que des pays européens viennent de renouer avec des énergies polluantes pour compenser le déficit d’énergie provoqué par la guerre entre la Russie et l’Ukraine.