L’opposition au Bangladesh dénonce une répression policière de plus en plus féroce à l’approche des élections législatives prévues l’an prochain. Cela fait des années que la Première ministre Sheikh Hasina est mise en cause pour sa gestion musclée des affaires bangladaises. Mais cette fois, les chiffres semblent parler d’eux-mêmes. D’après la principale formation d’opposition, des dizaines de milliers de militants ont été inculpés ces deux derniers mois sous des prétextes fallacieux à la suite de manifestations contre les pénuries d’énergie.
Selon Sairul Kabir Khan, porte-parole du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), les inculpations font suite à des manifestations qui se sont déroulées ces derniers mois dans tout le pays contre les pénuries d’énergie. Des dizaines de milliers de militants de l’opposition y ont réclamé l’organisation des élections générales de l’an prochain sous l’égide d’un gouvernement intérimaire neutre, accusant le gouvernement la Première ministre Sheikh Hasina de violations des droits.
Depuis le 22 août, la police a inculpé au moins 4 081 partisans et dirigeants du BNP nommément désignés dans des affaires de violence que le porte-parole dit être « fausses » ou montées de toutes pièces. Il a ajouté que 20 000 autres militants du BNP non identifiés avaient également été inculpés. Il s’agit d’une stratégie qui, selon les défenseurs des droits humains, donne à la police le pouvoir de harceler tous les opposants, qu’ils aient ou non participé à un rassemblement.
Pour ratisser le plus large possible, la police bangladaise emploie un procédé juridique bien particulier : elle lance des procédures collectives et anonymes contre les manifestants. Il lui suffit de prétendre que 1000 personnes ont causé des troubles à l’ordre public un jour donné, sans nommer personne. Ce qui permet aux forces de l’ordre d’intimider ou de menacer quiconque participe à ces rassemblements, autorise les policiers à arrêter à nouveau certains détenus libérés ou à passer outre les demandes de remise en liberté conditionnelle.
Selon l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch, ces inculpations virtuelles entraînent aussi des perquisitions illégales au domicile des leaders de l’opposition qui s’apparentent à du harcèlement politique. Et touche jusqu’à la diaspora établie en dehors du pays. Au mois de décembre dernier, les États-Unis ont placé sous sanctions le Bataillon d’action rapide du Bangladesh, fer de lance de la répression et le chef de la police nationale. Sans résultat tangible.