La commission parlementaire enquêtant sur le rôle de Donald Trump dans l’assaut contre le Capitole, le 6 janvier 2021, a voté à l’unanimité, jeudi 13 octobre, pour citer l’ancien président à comparaître devant ses membres.
Pendant 2 heures, les neuf membres de la commission ont tour à tour tenté de démontrer comment Donald Trump avait prévu, avant, pendant et même après le 6 janvier de contester et d’annuler les résultats de l’élection présidentielle de 2020.
« Il est la personne au centre de l’histoire ce qu’il s’est passé le 6 janvier. Donc nous voulons l’entendre », a déclaré le chef de ce panel, Bennie Thompson, lors d’une audition publique. « Il doit rendre des comptes. Il est tenu de répondre de ses actes », a-t-il ajouté. Mais il s’agit aussi pour la commission de « faire tout ce qu’elle peut pour raconter l’histoire la plus complète possible et fournir des recommandations afin d’aider à garantir que rien de semblable au 6 janvier ne se reproduise à l’avenir », a-t-il poursuivi.
Et c’est la républicaine Liz Cheney qui fait voter la convocation : « Nous avons un devoir envers notre pays, nos enfants et notre Constitution. Nous sommes obligés de chercher les réponses directement de l’homme qui a mis tout cela en place. Et chaque Américain a droit à ces réponses. Nous pouvons agir maintenant pour protéger notre république. »
« Allons directement à la violence »
Pendant cette dernière audition, la commission a déroulé le fil des événements tel que dessiné par ses investigations, montrant que l’ex-président avait prévu « bien à l’avance » de se déclarer victorieux à l’élection de 2020, avant même que les résultats ne soient connus.
« Son intention était claire, ignorer l’État de droit et rester au pouvoir », a martelé le républicain Adam Kinzinger. L’élue démocrate Zoe Lofgren a elle évoqué « un plan prémédité du président pour déclarer sa victoire, quel qu’ait été le vrai résultat ».
À l’appui de leurs dires, les élus ont projeté plusieurs vidéos de l’ex-président, de certains de ses proches ou d’anciens employés de la Maison Blanche.
Sur des images tournées juste avant la présidentielle de 2020 par une équipe danoise pour un documentaire, on peut entendre Roger Stone, allié de longue date de l’ex-président républicain, dire qu’il n’en a que faire du vote. « Que le vote aille se faire foutre, allons directement à la violence », lance-t-il. M. Stone, qui n’a pas été inculpé en lien avec le 6 janvier, a contesté l’authenticité des vidéos.
« Besoin » de bulletins de vote
La commission a également rejoué un enregistrement d’un appel de Donald Trump à Brad Raffensperger, le secrétaire d’État de Géorgie, dans lequel l’ex-président dit avoir « besoin » de quelque 11 000 bulletins de vote à son nom un nombre suffisant pour battre Joe Biden dans cet État du Sud.
Elle a aussi dévoilé des éléments provenant de centaines de milliers de pages fournies par le Secret Service, la police d’élite chargée de la protection rapprochée des hautes personnalités de l’État.
Les documents confirment des éléments présentés lors de précédentes auditions, selon lesquels M. Trump a enflammé la foule de ses partisans bien qu’il ait été informé du potentiel de violence, a indiqué l’élu Adam Schiff.
Moment marquant, des images inédites de responsables du Congrès réfugiés dans un lieu sécurisé le 6 janvier ont été diffusées. On y voit la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, et le sénateur Chuck Schumer passer frénétiquement des coups de fil pour obtenir des renforts des forces de l’ordre.
Depuis sa création, la commission a interrogé plus d’un millier de témoins, dont deux enfants de Donald Trump, et épluché des dizaines de milliers de documents, mais rien qui implique formellement Donald Trump.
Le milliardaire républicain se pliera-t-il à la convocation ? Il ne l’a pas dit dans sa première réaction à la nouvelle, mais il a vivement dénoncé les élus.
Pourquoi la commission « ne m’a-t-elle pas demandé de témoigner il y a des mois ? Pourquoi ont-ils attendu jusqu’à la toute fin, jusqu’aux derniers moments de leur dernière réunion ? Parce que la commission est un FIASCO total qui n’a servi qu’à diviser davantage notre pays », a-t-il écrit sur son réseau social Truth Social.
La chaîne d’information conservatrice Fox News cite une source selon laquelle l’ancien président adore l’idée de témoigner. Il pourrait en effet utiliser cette tribune pour mettre en avant son discours sur l’élection volée. Mais jusque-là, il a plutôt eu pour tactique de faire traîner les procédures. S’il venait à refuser de témoigner, il pourrait en théorie y avoir des poursuites criminelles. C’est au département de la Justice de le décider. Mais il ne l’a pour l’instant pas fait et on le voit mal le faire à quelques jours des élections.
Le département de la Justice a déjà obtenu un succès aux dépens de Donald Trump hier : la Cour suprême a rejeté la demande de l’ancien président de suspendre l’utilisation des documents secrets saisis début août dans sa résidence de Mar A Lago. L’enquête dans ce dossier des documents emporté après son son départ de la Maison Blanche va donc pouvoir continuer.