La sous-secrétaire d’État américaine aux Affaires politiques revient d’une tournée en Afrique de l’Ouest. Entre le 16 et le 20 octobre, Victoria Nuland s’est rendue en Mauritanie, au Mali, au Niger et au Burkina Faso.
Mercredi 26 octobre, Mme Nuland a tenu une conférence de presse pour revenir sur son déplacement, très centré sur la menace terroriste grandissante, l’influence du groupe paramilitaire russe Wagner, et les transitions politiques en Afrique de l’Ouest.
La sous-secrétaire d’État américaine aux Affaires politiques a par exemple évoqué la situation au Burkina Faso, où un nouveau pouvoir transitoire est désormais en place.
Le président burkinabè par intérim, Ibrahim Traoré, a été sans ambiguïté. Les Burkinabè défendront eux-mêmes la sécurité de leur nation. Ils n’ont pas l’intention de faire appel au groupe Wagner. Nous avons été très clairs avec lui sur les risques encourus si un jour ils changeaient d’avis. Et nous avons parlé de la manière de continuer à soutenir les efforts de l’armée pour repousser les terroristes, sans le soutien extérieur de la Russie et Wagner.
Concernant le Mali, la donne est différente, constate Victoria Nuland.
Au Mali, nous avons été très clairs sur nos inquiétudes. La junte malienne a invité Wagner dans le pays. Et la situation terroriste n’a fait que s’aggraver. Les Russes fournissent un peu d’équipement, mais ce matériel fonctionne mal. On l’a vu récemment avec la fourniture d’un avion qui s’est écrasé et a fait des victimes civiles. Il y a de nombreux rapports d’abus contre les populations, ils encouragent les forces maliennes à interdire à la Minusma l’accès à une partie du centre du pays. Et nous nous inquiétons que ces forces ne soient pas intéressées par la sécurité des Maliens, mais plutôt par leur enrichissement personnel et l’argent du Mali. Les pays voisins sont très inquiets. On travaille avec eux notamment sur leurs frontières pour que Wagner et le terrorisme restent côté malien.
DÉCLARATION DE VICTORIA NULAND, SOUS-SECRÉTAIRE D’ÉTAT AMÉRICAINE
Mais l’émissaire s’est dite confiante dans la tenue du calendrier de sortie de crise, même si de grands défis devront être relevés au Mali.
Nous avons rencontré des responsables électoraux, la société civile, le Premier ministre et son gouvernement. Jusqu’à présent, avec ce que nous avons vu, le gouvernement malien respecte son engagement et s’assure bien que le calendrier vers des élections en 2024 est tenu. Néanmoins, il va y avoir des défis, en lien notamment avec la situation sécuritaire ; situation aggravée par le rôle grandissant du groupe Wagner et l’éviction progressive des casques bleus onusiens. Et ce, alors que le nombre d’attaques terroristes a augmenté de 30% ces six derniers mois. Nous avons aussi exprimé notre inquiétude sur l’inclusivité des élections. C’est encore lié à la situation sécuritaire, mais également au grand nombre de déplacés dans le pays. Il va falloir les enregistrer, etc. Donc il y a beaucoup de défis. Mais au moins les civils responsables des élections semblent respecter les échéances prévues. Nous avons par ailleurs partagé notre inquiétude sur l’espace de plus en plus réduit de la Minusma, ainsi que les contraintes que le gouvernement et Wagner imposent et qui limitent l’action des casques bleus. Nous avons enfin rappelé l’aggravation du phénomène terroriste, et fermement pointé le fait que Wagner ne travaillait que pour son compte et non pour les Maliens.