Pour la treizième fois de leur histoire, l’équipe de France et la sélection d’Argentine vont s’affronter, dimanche 18 décembre. Cette fois, ce sera pour le plus grand rendez-vous qui puisse exister, à savoir en finale du Mondial au Qatar. Avant cette affiche en apothéose, retour sur quatre précédentes confrontations spéciales entre les Bleus et l’Albiceleste.
La fin de 36 années de disette pour l’Argentine, ou le premier back-to-back (deux sacres consécutifs) pour la France, performance inédite depuis le Brésil en 1958-1962 ? Dimanche, au stade de Lusail, Argentins et Français se retrouvent pour la finale de la 22e Coupe du monde de football. Les hommes de Didier Deschamps et de Lionel Scaloni rêvent du titre et d’entrer dans l’histoire du ballon rond.
Entre les deux sélections, il y a une histoire commune. Depuis 1930, la France et l’Argentine ont croisé le fer à douze reprises (trois fois en Coupe du monde, neuf fois en amical), pour un bilan favorable aux Sud-Américains. Ils comptent six victoires, pour trois nuls et trois victoires françaises.
Avant le 13e chapitre dimanche, focus sur quatre France-Argentine qui sont restés dans les mémoires.
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15 juillet 1930, Coupe du monde, Argentine-France (1-0) – Une première rocambolesque
C’est la toute première Coupe du monde de football de l’histoire, en Uruguay. À Montevideo, 13 pays se sont donnés rendez-vous. L’Argentine et la France sont dans la poule 1 avec le Chili et le Mexique. Seule l’équipe qui se classera première se qualifiera pour les demi-finales.
Le 15 juillet, deux jours après avoir battu le Mexique (4-1), les Bleus affrontent l’Albiceleste, qui domine les débats et assiège la cage tricolore. Sur sa ligne, Alex Thépot réalise des miracles. Mais à la 81e minute, Luis Monti trompe enfin le gardien, sur un coup franc direct.
À la 84e minute, l’arbitre brésilien Gilberto de Almeida Rego siffle la fin du match. Les deux équipes sont surprises, les Français et les spectateurs en colère. Ce n’est qu’après de longues minutes de pourparlers que l’homme au sifflet reconnaît son erreur. Les joueurs, rentrés aux vestiaires, et certains déjà sous la douche, sont invités à revenir pour disputer les six dernières minutes. L’Argentine conserve son avantage.
En demi-finales, Argentins et Uruguayens croqueront respectivement les États-Unis et la Yougoslavie (6-1). Et en finale, le dernier mot reviendra au pays organisateur (4-2). L’Argentine perd sa première finale.
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6 juin 1978, Coupe du monde, Argentine-France (2-1) – L’Albiceleste enfin sacrée
L’Argentine organise la 11e Coupe du monde et se veut ambitieuse. Depuis le Championnat sud-américain de 1959 (ancêtre de la Copa America), elle n’a plus rien gagné et compte soulever le trophée devant son public, alors que le pays subit depuis deux ans la dictature du général Jorge Rafael Videla. L’équipe coachée par César Luis Menotti et les Bleus, dirigés par Michel Hidalgo, sont dans le groupe 1.
Les deux équipes s’affrontent lors de la deuxième journée. Durant la première, l’Argentine a battu la Hongrie (2-1) et la France s’est inclinée contre l’Italie (2-1). Les Tricolores doivent donc relever la tête pour ne pas être déjà éliminés. Mais à Buenos Aires, le match est rude.
L’Argentine domine les débats, Mario Kempes fait souffrir les défenseurs et Marius Tresor, le capitaine français, touche le ballon de la main dans la surface après une frappe de Leopoldo Luque. L’autre capitaine, Daniel Passarella, ouvre le score en trompant Jean-Paul Bertrand-Demanes sur penalty (45e).
Après la pause, tout s’accélère. Les Bleus perdent d’abord Bertrand-Demanes, sonné et remplacé par Dominique Baratelli. Puis, ils égalisent par l’intermédiaire de Michel Platini (60e). Peu après, Didier Six échoue d’un rien dans son face-à-face avec Ubaldo Fillol, le gardien argentin. L’Albiceleste, elle, est plus efficace. Laissé seul plein axe à moins de 25 mètres, Leopoldo Luque contrôle le ballon avant d’envoler une demi-volée puissante au fond des filets (73e).
Au second tour, les Argentins se classeront premiers du groupe B au détriment du Brésil, dans un contexte douteux ; les Brésiliens avaient déjà joué leur dernier match face à la Pologne et l’Albiceleste savait combien de buts elle devait inscrire contre le Pérou pour éliminer la Selecao. En finale, le 25 juin, l’Argentine s’imposera face aux Pays-Bas (3-1). Depuis ce 6 juin 1978, la France, elle, n’a plus perdu en Coupe du monde contre une sélection sud-américaine.
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11 février 2009, Amical, France-Argentine (0-2) – La balade de Messi
Les légendes sont de sortie au Stade Vélodrome de Marseille pour une rencontre amicale. L’équipe d’Argentine se présente avec Diego Maradona dans le costume de sélectionneur. « El Pibe de oro » (« Le gamin en or ») a pris ses fonctions quatre mois plus tôt. C’est son deuxième match. Et sur le terrain, il y a bien sûr Lionel Messi, qui est en train de prendre une dimension incroyable avec le FC Barcelone.
Les Bleus, eux, sont moribonds. La fin de l’ère Zidane en 2006 est difficile. La France sort d’un Euro 2008 cataclysmique et cherche un nouveau souffle. Elle ne le trouvera pas dans la cité phocéenne. Sans fond de jeu, sans cohésion, sans génie, la sélection européenne cède une première fois sur un tir de Jonas Gutierrez (41e).
La seconde période ne sera guère plus radieuse pour les Bleus. Dominés, ils subissent toujours. Sergio Agüero, très remuant, laisse sa place à Carlos Tevez. Et tout juste entré en jeu, l’attaquant dynamite l’arrière-garde française et transmet le ballon à Leo Messi, n°18 dans le dos (le n°10 était encore attribué à Juan Roman Riquelme). La défense de Bacary Sagna et les retours de Lassana Diarra et Yoann Gourcuff n’y feront rien. Messi slalome, entre dans la surface et trompe Steve Mandanda pour la deuxième fois de la soirée.
L’équipe de France se qualifiera difficilement pour la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud, où elle touchera le fond avec la tristement célèbre affaire de Knysna. L’expérimentation Maradona ne portera pas ses fruits non plus pour l’Argentine, brutalement éliminée du Mondial 2010 en quarts de finale par l’Allemagne (4-0).
Le dernier affrontement entre les deux équipes a souri à la France. Ce fut l’un des plus beaux matches du Mondial en Russie, au stade des huitièmes de finale. Bousculés lors du premier tour, les Argentins ont pu compter sur Lionel Messi, leur guide habituel, pour s’en sortir. C’est à nouveau sur lui qu’ils misent pour se défaire d’une équipe de France apparue sérieuse jusqu’alors. Seulement voilà, dans les rangs des Bleus, il y a un certain Kylian Mbappé, nouveau joyau du ballon rond qui brille depuis un peu plus d’un an.
Dès le début du match à Kazan, l’attaquant place une accélération terrible qui conduit au penalty transformé par Antoine Griezmann (13e). L’Argentine réagit avant la pause grâce à Angel Di Maria de loin (41e), puis prend l’avantage juste après sur un tir dévié par Gabriel Mercado (48e). Pendant neuf minutes, la France sera menée au score.
À la 57e minute, Benjamin Pavard lâche une demi-volée venue d’un autre monde pour égaliser à 2-2. C’est le début d’une folie qui durera une dizaine de minutes. Dès lors, la machine française écrase tout grâce à Kylian Mbappé. Le jeune joueur, alors âgé de 19 ans, donne l’avantage aux siens (64e) avant d’inscrire le but du break (68e). L’Argentine ne s’en relèvera pas. Tout juste réduira-t-elle l’écart par Sergio Aguëro (90+3e) et fera passer quelques frissons jusqu’au bout.
L’équipe de France obtient son premier succès contre l’Albiceleste depuis un match amical en 1986. Et sur cette lancée, la bande emmenée par Didier Deschamps ira décrocher le titre mondial. Quatre ans plus tard, le destin remet les deux cadors face à face. L’Argentine a l’occasion de prendre sa revanche. Mais pas sûr que la France l’entende de cette oreille…
Les rescapés du dernier France-Argentine du 30 juin 2018
France : Hugo Lloris (capitaine), Steve Mandanda, Alphone Areola, Benjamin Pavard, Raphaël Varane, Lucas Hernandez, Antoine Griezmann, Olivier Giroud, Kylian Mbappé, Ousmane Dembélé + Didier Deschamps.
Argentine : Franco Armani, Nicolas Tagliafico, Marcos Acuna, Nicolas Otamendi, Angel Di Maria, Lionel Messi (capitaine), Paulo Dybala.