En Afghanistan, les autorités ont annoncé mardi 20 décembre que les universités afghanes étaient interdites aux femmes. Depuis que les talibans ont pris le pouvoir, les filles sont privées d’enseignement secondaire. Les facultés publiques et privées du pays ont été informées par un courrier du ministre de l’Enseignement supérieur. Aucune explication n’a été fournie par le régime taliban pour justifier cette décision, qui entre en vigueur jusqu’à nouvel ordre.
« Si nous sommes tous admis, nous entrerons. Si ce n’est pas le cas, aucun de nous ne participera aux cours. » C’est le slogan scandé par au moins une centaine d’étudiantes et d’étudiants solidaires, devant l’université de médecine de Jalalabad, dans l’est de l’Afghanistan, suite à la décision du régime. Auparavant, les universités leur étaient toujours accessibles à la condition que femmes et hommes soient séparés dans les classes et que seules des personnes âgées enseignent aux étudiantes.
À Kaboul, des étudiantes qui se sont présentées aux portes de leurs facultés en ont été chassées à coup de crosse par les talibans. Un enseignant d’une faculté de médecine a accepté de se confier sous couvert d’anonymat. Mardi 20 décembre, aucune étudiante n’a été autorisée à pénétrer dans l’établissement. « La plupart de nos collègues féminines ont éclaté en sanglot, raconte-t-il. Pour être honnête, je suis aussi très triste. Je ne peux même pas expliquer ce que je ressens. Si nous continuons comme ça, je suis sûr que nous nous dirigeons vers l’obscurité. Le monde nous a abandonné au milieu de nulle part. »
« J’ai peur de l’avenir »
À Kaboul, Rabia, étudiante en quatrième année de journalisme, est restée chez elle toute la journée, impuissante et désemparée. « Je n’ai pas peur des difficultés auxquelles nous sommes confrontées, mais j’ai peur de l’avenir, car je n’ai aucun contrôle là-dessus, confie-t-elle. Parce que ce sont d’autres personnes qui décident pour moi. Pourquoi : parce que je suis une fille. »
Pour Leila, étudiante à Herat dans l’ouest du pays, la désillusion est à son paroxysme. « Ils mettent en place les mêmes restrictions que lors de leur précédent régime, explique-t-elle. La seule différence, c’est que cette fois-ci, ils le font de façon progressive et pas en une seule fois. Nous y avons cru, nous étions pleines d’espoir et nous étions confiantes. On pensait que les talibans avaient changé et qu’ils n’imposeraient pas de restrictions aux femmes cette fois-ci. »
La jeune femme âgée de 23 ans refuse de se déclarer vaincue. Elle va poursuivre ses études à domicile, assure-t-elle, et se promet de ne jamais baisser les bras.