Après cinq semaines de procès, le tribunal a suivi la position du procureur de la République, Richard Adou. Celui-ci avait demandé, la semaine dernière, « une peine exemplaire et dissuasive » et avait requis la perpétuité pour les quatre accusés présents dans la salle.
Les quatre hommes présents à l’audience, Hantao Ag Mohamed Cissé, Sidi Mohamed Kounta, Mohamed Cissé et Hassan Barry, étaient accusés d’être complices de l’attaque qui a coûté la vie à 19 personnes dans la ville balnéaire de Grand-Bassam, notamment d’avoir aidé les jihadistes pour l’hébergement, le transport ou encore le repérage des lieux.
Les voies de recours envisagées
Les quatre ont toujours nié connaître les intentions criminelles des organisateurs de l’attaque et clamé leur innocence depuis le début de l’instruction, sans parvenir à convaincre le tribunal.
Après l’audience, leur avocat Me Saki a dit être « heureux pour ceux qui ont été totalement blanchis. Mais je suis triste pour ces quatre personnes qui auraient dû bénéficier également de la décision d’un acquittement. Le tribunal aurait dû aller jusqu’au bout de sa démarche. Mais nous ne désespérons pas, car des voies de recours existent ». La défense avait demandé l’acquittement pur et simple. Elle a désormais 20 jours pour faire appel.
Au total, ils étaient 18 accusés. Parmi eux, 7 absents, en fuite ou en détention au Mali, ont été condamnés par contumace à perpétuité. On trouve parmi eux Kounta Dalla et Ould Baba, pointés comme les deux cerveaux de l’opération. Ce dernier est également soupçonné d’être le chef des opérations de l’attentat de janvier 2016 à Ouagadougou, qui avait fait 30 morts.
Tous étaient accusés sans distinction « d’actes terroristes, assassinat, tentative d’assassinat, recel de malfaiteurs, détention illégale d’armes à feu et de munitions de guerre et complicité desdits faits ». Sept d’entre eux ont été acquittés.
Entre soulagement et frustration pour les parties civiles
La nouvelle a été reçue avec soulagement par les parties civiles qui attendaient que le procès se termine enfin. Cela faisait près de sept ans que les parties civiles attendaient ce verdict. Des indemnités leur ont aussi été accordées. Une compensation financière pour les familles de victimes, mais aussi pour ceux dont les activités économiques ont pâti de l’attaque.
Patrick Colin, le propriétaire de l’hôtel La Nouvelle Paillote, qui a été pris d’assaut par les terroristes, est un survivant de l’attaque: « Il faut en finir avec cette affaire. Je trouve que c’est bien d’arriver au bout. Pour moi, à titre personnel, et pour les familles aussi, c’est important. À un moment, on se demandait même si ça allait aboutir. Mais tout n’est pas fait, puisque les grands responsables ne sont pas là. Il manque les cerveaux, les commanditaires. »
Mais il y a aussi un sentiment de frustration. L’avocate des parties civiles, Me Rimailho, qui n’avait pas pu se déplacer à Abidjan pour assister au procès, a rappelé que les quatre accusés présents n’étaient que « des petites mains de la logistique » et que les cerveaux, eux, étaient absents. Elle aurait aussi souhaité « une gradation » dans les peines appliquées en fonction de la gravité des actes effectués, a-t-elle dit :