Managem, le groupe minier marocain, continue son ascension sur le continent : il est à la conquête de l’or ouest-africain. La société, présente dans de nombreux pays africains, a récemment acquis des actifs d’un montant d’environs 280 millions de dollars au Sénégal, au Mali et en Guinée.
En décembre, Managem signe un accord avec Iamgold, la compagnie minière canadienne, pour lui racheter des actifs aurifères dans trois pays ouest-africains. L’accord porte sur les « Actifs Bambouk » qui comprennent des mines au Mali, au Sénégal et en Guinée. L’acquisition concerne donc trois gisements voisins avec un potentiel important : les ressources des actifs Bambouk renferment 5 millions d’onces d’or, soit 155 tonnes.
Une acquisition importante aux vues du cours du précieux métal. Il est en constante augmentation ces dernières années. En 20 ans, le prix du gramme d’or a augmenté de plus de 400 % pour se stabiliser aujourd’hui à environs 55 euros.
Avec la signature de cet accord, Managem aura dans son giron cinq projets au Sénégal. Au Mali, ce sont les actifs de Diakha-Siribaya, un projet comptant 8 permis d’exploitation s’étalant sur plus de 600 km, que le groupe marocain récupère. Et le projet aurifère de Karita, au nord-est de la Guinée, d’une surface d’exploitation de 100 km, fait également partie de l’accord.
Managem renforce sa place dans l’industrie minière africaine
« Cette transaction enrichira notre portefeuille d’actifs déjà solide », a affirmé Imad Toumi, président-directeur général de Managem. De quoi renforcer la place dans l’industrie minière africaine du groupe marocain.
Créée en 1928, la société marocaine est déjà implantée dans 8 pays africains. Même si les activités du groupe sont aujourd’hui majoritairement basées au Maroc avec 12 mines produisant des métaux de base, comme le cuivre ou le plomb, ou encore des métaux précieux, comme l’or et l’argent, Managem souhaite accroître sa présence hors des frontières du royaume.
Le groupe a notamment ouvert une mine d’or au Soudan ou encore lancé une exploration et une exploitation aurifère au Gabon. Des activités fructueuses qui permirent à Managem de générer 664 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021.
Coopération sud-sud
Du côté du Mali, de la Guinée et du Sénégal, l’arrivée du groupe minier marocain est bien accueillie. Pour Chérif Sow, consultant international en droit minier et en exploitation aurifère artisanale et à petite échelle, c’est une bonne chose de voir se développer des coopérations Sud-Sud dans le domaine.
« C’est important que des entreprises africaines jouent un rôle dans nos exploitations. Sinon, tout l’or quitte notre continent », explique-t-il. Pour lui, si le Maroc développe des raffineries en Afrique, alors la plus-value générée bénéficiera au continent. « Ce sont des coopérations qu’il faut encourager », ajoute-t-il.
Mais Chéri Sow a une mise en garde à faire. Il ne faut pas oublier d’impliquer les populations locales dans les exploitations. Selon lui, il est primordial d’intégrer la communauté dans la gouvernance.