C’est l’une des avancées de la COP27 de Charm el-Cheikh : la création d’un fonds d’aide pour les pays les plus touchés par le changement climatique. Sauf que ce fonds n’existe pas encore. Comment, dès lors, aider un pays particulièrement menacé par le réchauffement comme le Pakistan, ravagé par des inondations historiques en 2022… L’ONU organise ce lundi 9 janvier une conférence internationale à Genève pour la reconstruction du pays. Et les besoins sont énormes. Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, le président français Emmanuel Macron et d’autres chefs d’État devraient s’exprimer.
Le Pakistan, qui se débat toujours avec les conséquences des inondations dévastatrices de l’an dernier, demande lundi des milliards de dollars d’aide internationale pour se reconstruire et mieux résister aux conséquences du changement climatique.
Le pays, le cinquième plus peuplé au monde avec 216 millions d’habitants, est responsable de moins d’un pour cent des émissions de gaz à effet de serre. Mais il est l’un des plus vulnérables face aux événements météorologiques extrêmes qui se multiplient.
Le Pakistan et les Nations unies organisent donc lundi une conférence internationale à Genève, où ils appelleront pays, organisations et entreprises à augmenter leur soutien, notamment financier, pour le plan de reconstruction et de résilience climatique à long terme du pays.
La conférence s’ouvrira par des discours du Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif et du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres. D’autres chefs d’État et de gouvernement doivent s’y exprimer, dont un certain nombre par visioconférence, tels le président français Emmanuel Macron, son homologue turc Recep Tayyip Erdogan et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Quelque 450 participants d’une quarantaine de pays sont attendus, dont des représentants de la Banque mondiale et de banques de développement.
« Le prix de la nourriture va augmenter »
Selon le « Plan de redressement, de réhabilitation et de reconstruction résilients » du Pakistan, qui sera présenté officiellement lundi à la conférence, quelque 16,3 milliards de dollars (15,3 milliards d’euros) sont nécessaires au total. Le gouvernement pakistanais estime pouvoir en financer la moitié par le biais de son propre budget et de partenariats public-privé, mais a besoin de la communauté internationale pour payer le reste. Ce sont les pertes et dommages, qui furent au centre des discussions lors de la COP27 de Charm el-Cheikh.
Les chiffres donnent le tournis : 33 millions de Pakistanais touchés par les inondations, 8 millions de déplacés, au moins 1700 morts, des milliers de kilomètres de routes, de voies ferrées détruites. Voilà pour le bilan humain et matériel. Mais le pire reste peut-être à venir, redoute le représentant du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) au Pakistan, Knut Ostby, au micro de notre correspondant à Genève, Jérémie Lanche : « Neuf millions de personnes en plus pourraient basculer dans la pauvreté à cause des inondations. Elles ont non seulement détruit une partie des récoltes agricoles mais elles empêchent les agriculteurs de planter pour l’an prochain. Le prix de la nourriture va donc augmenter. Et ça pourrait multiplier par deux le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire. De 7 millions aujourd’hui à plus de 14 millions. »