Le cousin de Mahsa Amini, Erfan Mortezai, activiste kurde iranien retranché en Irak, est arrivé en France ce samedi matin. Il a obtenu un laissez-passer de la part du cabinet de la ministre des Affaires étrangères française, après sa demande d’être accueilli en Europe. Pour rappel, c’est le meurtre de sa cousine qui a déclenché le mouvement de contestation en Iran qui dure depuis quatre mois.
Depuis la mort de Mahsa Amini, Erfan Mortezai est menacé de mort par le régime. Quelques heures avant son départ du Kurdistan irakien, il retrace son parcours qui a donc débuté en Iran. Avant d’être le cousin de Mahsa Amini, Erfan Mortezai est d’abord un peshmerga, un combattant kurde fédéraliste iranien. « Un jour, j’ai été arrêté et emprisonné pendant 18 mois. Une fois libéré, j’ai fui ici en Irak et j’ai intégré les rangs du Parti Communiste Iranien », dit-il au micro de notre correspondant à Erbil, Théo Renaudon.
Et depuis la mort de sa cousine, il est particulièrement menacé par le régime de Téhéran. « Depuis que j’ai parlé dans les médias étrangers, j’ai reçu des messages comme quoi, je serais au moins kidnappé et emmené en Iran, ou bien, alors, je serais directement assassiné. C’est ce qui est arrivé à l’un de mes amis. Ces derniers jours, j’ai reçu des messages m’écrivant qu’on me cherchait et qu’on me ramènerait en Iran », rapporte-t-il.
« Je me sens vraiment soulagé »
Aujourd’hui, cet exil à Paris le rassure grandement. « D’abord, je suis très reconnaissant, profondément touché de voir qu’il y a des personnes qui sont sensibles à mon sort. Je suis maintenant rassuré de pouvoir aller dans un endroit où je me sens en sécurité. Toute la fatigue que j’ai ressentie depuis un moment est allégée, je me sens vraiment soulagé. Non seulement ce voyage m’a sauvé la vie, mais en plus, je vais pouvoir me battre contre le régime Islamique de Téhéran. En fait, c’est maintenant que commence réellement mon combat ! Je veux désormais le mener avec les autres opposants présents en France. Et j’espère que très bientôt, nous pourrons fêter la libération de l’Iran », assure-t-il.
À Paris depuis ce matin, Erfan Mortezai va rapidement faire sa demande d’asile, avant d’apprendre à parler le français.
Situation diplomatique tendue entre Téhéran et Paris
Contacté par RFI, le ministère français des Affaires étrangères n’a pas souhaité commenter l’arrivée en France du cousin de Mahsa Amini. Il faut dire que les dossiers brulants s’accumulent. Sept Français sont actuellement détenus dans les prisons iraniennes. Paris les qualifie « d’otages d’État ». Ils et elles sont emprisonnés et parfois condamné à de lourdes peines pour des motifs que la France – comme les familles – rejettent en bloc. En accusant Téhéran de vouloir faire pression avec sa politique d’arrestations d’étrangers.
La vague de manifestations qui a éclaté en Iran et la répression du mouvement ont alimenté les tensions. La France, dans le cadre de l’Union Européenne, adopte des sanctions contre des personnalités ou des entités iraniennes participant aux violations des droits humains.
La France est aussi l’un des pays en première ligne dans la crise du nucléaire iranien. Paris s’alarme également du programme de missiles de Téhéran et s’indigne de la prolifération des drones iraniens, nouvelle arme de la Russie apparue dans le ciel d’Ukraine ces derniers mois.