Retraites: affluence en baisse pour la 3e journée de mobilisation mais des manifestants déterminés

Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, lors de la troisième manifestation parisienne contre la réforme des retraites, ce mardi 7 février 2023. Aux côtés notamment du syndicaliste, son homologue Laurent Berger, de la CFDT.Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, lors de la troisième manifestation parisienne contre la réforme des retraites, ce mardi 7 février 2023. Aux côtés notamment du syndicaliste, son homologue Laurent Berger, de la CFDT. AFP – JULIEN DE ROSA

Ce mardi 7 février a eu lieu la troisième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, en France. Selon les chiffres de la CGT et du ministère de l’Intérieur, les cortèges étaient un peu moins fournis que les jours précédents, alors qu’à l’Assemblée, l’examen du projet de loi s’annonce compliqué.

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Quelque 757 000 personnes ont manifesté en France ce mardi pour la troisième journée de mobilisation contre la réforme des retraites du gouvernement d’Élisabeth Borne, selon la police, tandis que, de son côté, le syndicat CGT a compté près de 2 millions de manifestants.

La mobilisation parisienne a réuni 57 000 personnes, selon le ministère de l’Intérieur, et 400 000 selon la Confédération générale du travail. Des manifestants déterminés et qui, malgré ces scores d’influence en baisse, croient de plus en plus à la victoire dans ce conflit social.

C’est le cas de Gina, assistante commerciale rencontrée par notre envoyée spécial, Alexis Bedu, et qui en était à son troisième jour de grève. Ou de Nadia, professeure des écoles manifestant pancarte à la main, remontée contre l’attitude du gouvernement. Mais également le cas de Jean-Baptiste.

J’ai 60 ans, et je ne me vois pas travailler au-delà des 62, quoi, je suis épuisée. Je commençais à me projeter, et puis là tout s’effondre.

Reportage dans la manifestation de Paris


Les manifestants parisiens arrivent à Bastille, ce mardi 7 février 2023.
Les manifestants parisiens arrivent à Bastille, ce mardi 7 février 2023. AP – Thibault Camus

Dans le sud de la France, à Marseille, la lutte continue

À Marseille, toujours à l’appel de l’intersyndicale, les organisateurs revendiquent 180 000 manifestants, la police en ayant compté 15 000. C’est en tout cas moins que la semaine dernière pour la deuxième ville du pays, où beaucoup de travailleurs ne se voient pas aller jusqu’à 64 ans.

Nadège a manifesté sur le Vieux-Port. Elle est travailleuse en crèche, un métier qui demande beaucoup d’énergie. Notre correspondant sur place, Yoram Melloul, a également rencontré Anne, enseignante en maternelle, et beaucoup de personnels soignants dont Anna, kinésithérapeute.

Là encore, des manifestants pensent qu’il sera possible de faire reculer Emmanuel Macron et le gouvernement. Même si Djamel, de toutes les manifestations, n’a pas l’impression d’être entendu, ce salarié d’une société de nettoyage y croit, la rue va réussir à stopper cette réforme.

Le gouvernement ferme les oreilles, les yeux, on parle à un mur en fait. On manifeste face à un mur qui ne réagit pas

Reportage au sein du cortège marseillais


Pancarte aperçue ce mardi 7 février 2023 dans la manifestation de Marseille.
Pancarte aperçue ce mardi 7 février 2023 dans la manifestation de Marseille. AFP – CHRISTOPHE SIMON

Dans le nord, Boulogne-sur-Mer reste mobilisée

Certains syndicats souhaitent un durcissement du mouvement, avec de nouvelles journées de mobilisation, en attendant celle de la fin de semaine. D’autant que de nombreuses villes de province ont vu défiler des cortèges moins fournis aussi, selon les chiffres des autorités et des organisateurs.

Parmi les villes moyennes mobilisées : Boulogne-sur-Mer, premier port de pêche français, dans le Pas-de-Calais. Plutôt que de rejoindre un plus gros cortège, dans l’une des villes voisines des Hauts-de-France, des milliers de manifestants sont encore descendus battre le pavé ce mardi.

Ils étaient 8 500 manifestants lors des deux premières journées de grève. Ce mardi matin, ils ont été environ 6 000, selon l’intersyndicale. La colère est toujours là, elle a même tendance à s’accentuer, a pu constater Amélie Beaucour, qui leur a tendu le micro pour les antennes de RFI.

C’est 35 euros par jour, par jour de grève. Là, c’est déjà la troisième, donc il faut calculer. C’est un sacrifice.

Reportage dans la manifestation de Boulogne-sur-Mer


Au Parlement, des délibérations sur pression

L’examen de la réforme des retraites se poursuit à l’Assemblée nationale. Deuxième jour de débat ce mardi, un examen qui avance à une vitesse d’escargot : 20 000 amendements doivent être examinés avant la fin de la semaine, et l’ambiance dans l’hémicycle demeurait assez tendue ce mardi soir.

Un peu plus calme que la veille quand même, dans une salle toujours aussi pleine, où peu de places sont vides. Mais les esprits s’échauffent quasiment à chaque prise de parole de Gabriel Attal, le ministre des Comptes publics, qui s’exprimait pour le gouvernement.

« On va passer un certain nombre de jours ensemble, donc c’est pas mal si on peut s’écouter », a lancé dans la journée le ministre en direction des bancs de la gauche. Des députés de la Nupes qui doivent toujours se défendre, souvent bruyamment, de jouer l’obstruction dans ce débat parlementaire.

Les députés viennent seulement de commencer l’examen de l’article 1er. Ce texte en comporte 20 au total. Pour se faire une idée de l’équilibre des forces en présence, le premier vote de ce texte a eu lieu en début de soirée, concernant un amendement visant à supprimer l’article liminaire.

Alors que c’est cet article qui explique pourquoi le gouvernement doit réformer maintenant le système des retraites, l’amendement de suppression a été rejeté à seulement dix voix près, ce qui est très peu et en dit long sur la fragile majorité dont dispose pour l’instant le gouvernement pour faire voter la suite.

Une partie des députés Les Républicains, à droite, font toujours de la résistance. Ils n’étaient d’ailleurs pas dans l’hémicycle en soirée, au moment de ce premier vote, ce qui ne facilite vraiment pas la tâche de l’équipe de la Première ministre Élisabeth Borne.

Au palais Bourbon,
Pierrick Bonno

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