Sept jours après le séisme, les espoirs de retrouver des survivants s’éteignent. La gestion de la catastrophe passe désormais dans une nouvelle phase : la prise en charge de plus d’un million d’habitants privés de logement et la gestion des risques sanitaires.
Six jours que Tahir travaille du matin au soir à mettre en place les villes-tentes, comme on les appelle ici.
Dans la ville de Malataya, 800 000 d’habitants, ce sont des dizaines de milliers de personnes qui ont dû fuir leur logement qui menaçait de s’effondrer après les séismes.
Tahir s’occupe spécifiquement de l’approvisionnement en tentes au nom de l’Afad, l’organisme gouvernemental de gestion des catatrophes.
« Les gens viennent ici et nous demandent comment ils peuvent se procurer des tentes. Malheureusement, je n’ai aucune solution à leur apporter. La seule chose que je peux répondre c’est que l’Afad nous a transmis l’information selon laquelle les tentes étaient en rupture de stock. Ni le Croissant-Rouge turc. En dehors de cela, les particuliers peuvent éventuellement en fournir avec celles qui sont fabriquées. Par ailleurs, avec la visite du ministre hier, j’ai entendu que des commandes de tentes avaient été passées à l’étranger et qu’elles allaient arriver rapidement. »
D’après lui, les autorités ont largement fait appel à l’aide internationale pour tenter de combler cette lacune. La réquisition des résidence universitaires du pays fait figure de solution provisoire.
Les médecins s’inquiètent d’une possible crise sanitaire
Dans la campagne de Malatya, des milliers de personnes ont dû fuir leur logement. Et tous les rescapés du séisme qui se sont installés dans le camp savent où se trouve l’infirmerie.
Les patients défilent dans la tente du docteur Eren. Ce dernier accueille, oscule et distribue les médicaments disposés à la hâte sur une table. Il s’est porté bénévole dès qu’il a entendu parler de la catastrophe.
Après plus de cinq jours sur place, le docteur Eren s’inquiète des risques sanitaires que présentent les logements de fortune :
« Nous risquons de nous trouver confronter à des épidémies. Cela peut être simplement une épidémie de gastro-entérite, mais cela peut aussi être beaucoup plus grave, comme l’hépatite A par exemple, ou encore la rougeole. Je ne sais pas s’il y a de la tuberculose dans la région, mais si dix personnes vivent dans une seule tente pendant un mois, alors la tuberculose va apparaître. Tout peut arriver. Nous sommes en plein hiver, et c’est la saison des épidémies. Et puis, il y a aussi des populations de réfugiés ici non recensés, dont certains ne sont pas vaccinés et peuvent transmettre des maladies. Ce sont les enfants et les personnes âgées qui sont les plus fragiles. Il y a un risque de pneumocoque et cela peut augmenter le taux de mortalité. »
Le gouvernement turc n’en est qu’au début de la gestion d’une crise humanitaire sans précédent dans l’histoire du pays.