Le bilan du séisme qui a frappé la Turquie et la Syrie il y a six jours est monté ce dimanche 12 février à plus de 33 000 morts, alors qu’un nouveau convoi de l’ONU est arrivé en Syrie, apportant une aide très attendue aux victimes.
Six jours après le tremblement de terre qui a frappé la Turquie et la Syrie, le bilan ne cesse de s’aggraver. D’après les derniers chiffres officiels, toujours provisoires, le séisme de magnitude 7,8 a fait au moins 33 179 morts – 29 605 en Turquie et 3 574 en Syrie. Mais selon l’ONU, le bilan pourrait encore « doubler ».
En Turquie, des cas de sauvetages miraculeux bien au-delà de la période cruciale de 72 heures après la catastrophe continuent d’être rapportés par les secours et les médias turcs. À Hatay, une femme de 63 ans a ainsi été retirée des décombres 158 heures après le séisme. À Adiyaman, une autre de 23 ans a pu être sauvée 153 heures après le séisme, une heure après le sauvetage de sa sœur, une professeure de 28 ans. Leur père est quant à lui décédé dans la catastrophe. Un homme de 35 ans a quant à lui été sauvé à la 149e heure à Hatay par des gendarmes turcs et des équipes venues d’Italie et de Roumanie, après douze heures d’efforts pendant lesquels l’homme chantait sous les décombres pour garder le moral.
Menaces
Près de 32 000 personnes sont désormais mobilisées pour les opérations de recherche et de secours dans le pays, ainsi que plus de 8 000 secouristes étrangers, selon l’agence turque chargée des catastrophes naturelles. Mais certaines équipes de secouristes internationaux doivent cependant faire face à des menaces. L’ONG israélienne de secours United Hatzalah a annoncé ce dimanche l’arrêt de ses opérations en raison d’une « menace sérieuse » à la sécurité de son équipe sur place.
Samedi, l’armée autrichienne avait suspendu pendant quelques heures ses opérations de sauvetage, invoquant « la situation sécuritaire ». Trois organisations allemandes avaient également suspendu leurs opérations, du fait de la dégradation de « la situation sécuritaire dans la province de Hatay », avec des « affrontements entre différentes factions ».
Côté syrien, l’accès aux zones touchées s’avère plus compliqué qu’en Turquie. Le gouvernement de Damas a autorisé vendredi « l’acheminement des aides humanitaires à l’ensemble » du pays – y compris les zones tenues par les rebelles. Depuis, dix camions venus de Turquie ont franchi la frontière au point de passage de Bab-al Hawa, dans le nord-ouest du pays, apportant de quoi confectionner des abris d’urgence avec des bâches en plastique, des couvertures, des matelas, des cordes ou encore des vis et des clous, entre autres. Le responsable des secours onusiens, Martin Griffiths, a toutefois reconnu que « jusqu’à présent, nous avons fait défaut aux gens du nord-ouest de la Syrie. Ils se sentent à juste titre abandonnés ». Il faut désormais « corriger cet échec au plus vite », a-t-il déclaré.
Selon un responsable du ministère syrien des Transports, Suleiman Khalil, 62 avions chargés d’aide ont jusqu’à présent atterri dans le pays et d’autres ont attendu dans les heures et jours à venir, en provenance notamment d’Arabie saoudite. Après avoir d’abord annoncé 12,7 millions d’euros d’aide humanitaire à la Syrie, les Émirats arabes unis ont promis 47 millions d’euros supplémentaires. Un geste salué par le président Bachar al-Assad qui a remercié ce dimanche Abou Dhabi pour son « énorme aide humanitaire ». Le puissant mouvement libanais Hezbollah, allié du gouvernement syrien, a de son côté envoyé un convoi d’aide humanitaire dans l’ouest de la Syrie, avec des « vivres » et des « fournitures médicales ».
Athènes et Ankara mettent de côté leur rivalité
Sur le front diplomatico-humanitaire, la Turquie et la Grèce ont mis une sourdine à leur longue rivalité historique, avivée par des contentieux territoriaux, économiques et migratoires, au profit de la solidarité. Le ministre grec des Affaires étrangères Nikos Dendias s’est rendu ce dimanche dans les zones sinistrées de Turquie avec son homologue turc Mevlut Cavusoglu, qui lui a réservé un accueil chaleureux.
Athènes avait été l’un des tout premiers pays à annoncer de l’aide à son voisin, et cette visite est la première d’un ministre européen en Turquie depuis le début de la catastrophe. « Continuons à être solidaires, à travers la prière et le soutien concret, avec les populations frappées par le séisme en Turquie et en Syrie », a lancé de son côté le pape François à la fin de sa traditionnelle prière dominicale de l’Angélus place Saint-Pierre.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que 26 millions de personnes pourraient avoir été touchées en Turquie et en Syrie, dont « environ cinq millions de personnes vulnérables », et a lancé samedi un appel urgent pour collecter 42,8 millions de dollars.