Le corps de l’homme d’affaires Ruben Cherres a été découvert vendredi 31 mars. Au cœur du scandale El gran padrino (Le grand parrain, en français), il était soupçonné d’être lié à la mafia albanaise et d’être l’homme de confiance du beau-frère de Guillermo Lasso.
C’est une mort très suspecte qui n’arrange pas les affaires du président équatorien Guillermo Lasso, sur le point d’être jugé politiquement par le Parlement. La police équatorienne recherchait Ruben Cherres depuis le 21 janvier, mais ses assassins ont été plus efficaces et plus rapides, explique notre correspondant à Quito, Éric Samson. Le corps de l’homme d’affaires a été retrouvé à Punta Blanca, dans la province de Santa Elena (ouest), avec trois autres cadavres, deux hommes et une femme.
Ruben Cherres se présentait comme « pétrolier » même si ses affaires étaient liées plutôt à l’immobilier. Depuis 2014, il partageait les actions de douze entreprises avec Dritan Gjika, citoyen albanais vivant dans le port de Guayaquil. Selon la surintendance des compagnies équatorienne, un organisme de contrôle des entreprises, citée par le média Plan V, au moins deux de ces compagnies n’avaient pas respecté les règles de prévention du blanchiment de narcodollars et de financement d’activités terroristes. Depuis la fin des années 1990, Ruben Cherres avait apparemment des liens avec des trafiquants de drogue, mais avait toujours échappé à la justice.
Pour certains membres de l’opposition, son assassinat vise à protéger le président Lasso avant son procès en destitution pour des accusations de corruption et de délits contre la sécurité de l’État. Car Ruben Cherres était au cœur du scandale « Le grand parrain », qui a éclaté mi-février avec l’enquête journalistique du média en ligne La Posta sur un réseau de corruption dans les entreprises publiques du pays. Interrogé par ce média, Ruben Cherres avait reconnu avoir des liens avec la mafia albanaise, comme le soupçonnait la police. Dans son enquête, le média équatorien signalait aussi que Ruben Cherres était un homme de confiance et un proche de Danilo Carrera, le beau-frère de Guillermo Lasso et qu’il aurait été l’opérateur d’un réseau de corruption dans les entreprises publiques du pays.
Ces révélations de La Posta ont entraîné les demandes de procès de l’opposition à l’encontre du chef de l’État. L’opposition au Parlement considère qu’il avait été averti de l’existence de ce dispositif et qu’il n’avait pas agi pour l’arrêter. Le chef de l’État a fait valoir que l’affaire pour laquelle il sera poursuivi s’est déroulée entre 2018 et 2020, alors qu’il n’était pas président. Il lui est cependant reproché de ne pas être intervenu à temps au début de son mandat, même s’il était au courant de contrat préjudiciable à l’État équatorien.