Elle est entrée dans l’histoire des États-Unis, il y a trois ans, en devenant la première femme et la première personne afro-américaine et d’origine asiatique à accéder à la vice-présidence. Avec l’annonce de la candidature de Joe Biden à sa propre réélection en 2024, Kamala Harris resterait donc à ce poste, l’un des plus ingrats de la scène politique outre-Atlantique, en cas de victoire de l’actuel président américain. De quoi rester dans l’ombre du chef de l’État, du moins pour l’instant.
Fatalement, pour Kamala Harris, un Joe Biden qui rempile, cela implique d’abandonner pour le moment l’ambition, un temps caressée, de briguer la présidence elle-même. La vice-présidente pâtit de son manque de popularité et d’assise politique personnelle. Il faut dire que ces dernières années, à ce poste, elle s’est vu confier les missions les plus ingrates, comme la gestion de la question migratoire.
Pour Alexis Pichard, docteur en civilisation américaine, l’idée serait désormais de lui faire prendre de l’ampleur : « C’est là toute l’ambiguïté de ce nouveau mandat que brigue Joe Biden : c’est d’installer Kamala Harris comme héritière légitime et de la populariser auprès des électeurs. »
Pour cela, Kamala Harris a une carte à jouer : son engagement sur des dossiers brûlants, comme celui de l’avortement. « C’est vraiment cette question de société qui la définit aujourd’hui en tant que vice-présidente. C’est ce combat acharné pour que les femmes regagnent ce droit ou ne le perdent pas. Sur ce thème, elle est plus audible que Joe Biden, qui est de foi catholique et qui est un homme. Elle s’est emparée de cette thématique pour exister médiatiquement et politiquement », poursuit Alexis Pichard.
Quoi qu’il en soit, Joe Biden, qui aurait 86 ans à l’issue d’un éventuel deuxième mandat, ne pourra pas aller plus loin. Et si la tradition est respectée, c’est Kamala Harris qui devrait lui succéder comme candidate. De Richard Nixon à Mike Pence, cela s’est souvent confirmé : le vice-président finit par prendre le relais du sortant dans la course à la présidentielle.