Le Conseil de sécurité en bloc face aux Talibans : un signal fort, car les 15 membres ont voté, le jeudi 27 avril, dans un rare moment d’unité, une résolution condamnant les récentes restrictions imposées aux femmes et aux filles par les maîtres de Kaboul et leur demandant formellement de les annuler.
La résolution, adoptée à l’unanimité des 15 membres et co-sponsorisée par quelque 90 États membres de l’ONU, « condamne la décision prise par les talibans d’interdire aux femmes afghanes de travailler pour les Nations unies en Afghanistan », décision annoncée début avril qui « compromet les droits humains et les principes humanitaires ».
« Le monde ne restera pas silencieux alors que les femmes en Afghanistan sont effacées de la société », a commenté l’ambassadrice des Émirats arabes unis, Lana Zaki Nusseibeh, qui a rédigé le texte avec le Japon.
Depuis le retour des Talibans au pouvoir il y a presque 2 ans, l’ONU a vite compris que la seule chose pour laquelle elle pourrait se battre en mettant dans la balance l’aide humanitaire et les opérations de ses équipes sur place, ce sont les droits des femmes et des filles, rapporte notre correspondante à New York, Carrie Nooten.
Mais contrairement à ce qu’ils avaient promis en août 2021, les Talibans ont imposé des vagues de restrictions successives : plus d’école après la 6e pour les filles, les femmes ne peuvent plus sortir de chez elles sans un chaperon masculin. Fin décembre, ils ont interdit aux organisations humanitaires d’embaucher des femmes.
La numéro 2 des Nations Unies, Amina Mohamed s’était rendue sur place pour tenter de négocier, mais quelques semaines plus tard, le couperet est tombé : interdiction pour l’ONU d’embaucher des Afghanes.
Des négociations longues et difficiles
Depuis 17 jours, le Conseil voulait s’exprimer. Pourtant, les négociations autour de la résolution ont été longues et difficiles entre les 15 pays, Chine et Russie désirant à la fois affaiblir les condamnations, et indiquer que la crise économique dans laquelle s’est embourbé l’Afghanistan était notamment due au gel de 7 milliards de dollars d’avoirs de la banque centrale afghane par les États-Unis.
L’ambassadeur russe Vassili Nebenzia, malgré son vote favorable, a regretté que les Occidentaux aient « bloqué » une approche plus « ambitieuse » notamment sur cette question. « Si vous êtes sincère, pourquoi ne pas rendre les avoirs volés, sans précondition », a-t-il lancé.
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres organise de son côté les 1er et le 2 mai à Doha une réunion avec des envoyés de divers pays chargés de l’Afghanistan pour « redynamiser l’engagement international autour d’objectifs communs vers un chemin durable concernant la situation en Afghanistan ».