Le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, a annulé son déplacement prévu ce jeudi 4 mai dans la soirée en France, en réaction aux propos « inqualifiables » du ministre de l’Intérieur français, Gérald Darmanin, à propos de la Première ministre italienne, Giorgia Meloni.
Retour des tensions sur la ligne Rome-Paris. En Italie, on croyait encore à un rapprochement Giorgia Meloni-Emmanuel Macron, quelques mois après les critiques du président français sur le refus italien d’accueillir l’Ocean Viking. Après le sommet européen de Bruxelles en mars, la Première ministre s’était dite bien accueillie par ses partenaires sur la question de la crise migratoire. Une mission franco-italienne de haut niveau en Tunisie était même en préparation, indique Anne Tréca, correspondante de RFI à Rome.
Mais un grand froid s’est installé ce jeudi 4 mais, et il n’y a finalement pas eu de rencontre entre Catherine Colonna, la ministre des Affaires étrangères française, et Antonio Tajani, son homologue italien, dans la soirée à Paris. Le chef de la diplomatie italienne était attendu dans la capitale française. Mais il a annoncé l’annulation de ce déplacement dans l’après-midi.
En cause : les propos tenus par Gérald Darmanin plus tôt. Interrogé au micro de la radio RMC, le ministre de l’Intérieur a égratigné la Première ministre italienne. « Madame (Giorgia) Meloni, gouvernement d’extrême droite choisi par les amis de madame (Marine) Le Pen, est incapable de régler les problèmes migratoires sur lesquels elle a été élue », a déclaré le ministre de l’Intérieur à la mi-journée.
« Les offenses contre le gouvernement et l’Italie lancées par monsieur Darmanin sont inacceptables »
Piqué au vif, Antonio Tajani a répondu à ces mots sur Twitter et annoncé qu’il ne ferait pas le déplacement prévu en France. « Je n’irai pas à Paris (…). Les offenses contre le gouvernement et l’Italie lancées par monsieur Darmanin sont inacceptables. Ce n’est pas l’esprit avec lequel on doit affronter les défis européens communs. »
En réaction, le ministère des Affaires étrangères français a indiqué espérer que la rencontre « pourra être reprogrammée rapidement ». Avant qu’Antonio Tajani annule sa venue, le Quai d’Orsay avait déjà rappelé que « le gouvernement français souhaite travailler avec l’Italie pour faire face au défi commun que représente la hausse rapide des flux migratoires ».
Sur Twitter, Catherine Colonna a également tenté de désamorcer la crise : « J’ai parlé à mon collègue Antonio Tajani au téléphone. Je lui ai dit que la relation entre l’Italie et la France est basée sur le respect mutuel, entre nos deux pays et entre leurs dirigeants. J’espère pouvoir l’accueillir prochainement à Paris. »
Plusieurs mairies italiennes débordées par l’afflux de migrants
En Italie, la question migratoire, elle, anime toujours les débats. Les centres d’accueil n’ont pas changé depuis 15 ans, comme à Lampedusa, où on dispose de 400 places, alors qu’il en faudrait 2 000 ou 3 000 les jours à la mer est calme.
Plusieurs maires de grandes villes comme Milan ou Florence ont lancé un signal de détresse à l’État. Ils se disent débordés et sans ressources pour accueillir les milliers de mineurs non accompagnés qui débarquent sur les côtes italiennes. Les débarquements de migrants en Italie sont déjà quatre fois plus importants cette année qu’en 2022, et la situation devrait s’aggraver avec l’été.
Giorgia Meloni n’est pas la seule responsable des insuffisances italiennes. Mais elle n’a pris aucune mesure d’envergure sur ce dossier.