À la veille des élections présidentielle et législatives en Turquie, la plupart des sondages donnent une courte avance au principal candidat d’opposition, Kemak Kiliçdaroglu. Dans le camp du président Erdogan, au pouvoir depuis 20 ans, on semble envisager la défaite, tout en agitant des menaces qui nourrissent des inquiétudes pour l’après-élection.
C’est la sixième fois que Recep Tayyip Erdoğan remet son mandat en jeu, et la première fois que, dans ses discours, on sent poindre à travers les lignes l’éventualité d’une défaite.
Le 10 mai, le chef de l’État a mis en garde ses partisans. « Attention, pas d’accident dimanche », leur a-t-il dit. Tayyip Erogan les a appelés à convaincre tous leurs proches indécis de voter pour lui. Sinon, a-t-il ajouté, « les terroristes se frotteront les mains ».
Lorsque le pouvoir turc envisage la défaite, c’est pour l’assortir d’une menace et pointer du doigt des forces étrangères. Le ministre de l’Intérieur a ainsi prétendu que les États-Unis tentaient d’influencer le scrutin. Süleyman Soylu les a accusés de « vouloir accomplir par les urnes ce qu’ils n’ont pas réussi par un coup d’État en 2016 ».
Le coup d’État manqué du 15 juillet 2016 revient fréquemment dans les discours électoraux de Recep Tayyip Erdogan. Dans un message sur Twitter, ce dernier promet ainsi de « défendre notre indépendance et notre avenir au péril de notre vie s’il le faut, comme nous l’avons fait la nuit du 15 juillet ». Des propos qui alimentent les inquiétudes quant à la réaction du président sortant en cas de défaite dimanche soir.