Les Ukrainiens accusent ces derniers jours l’armée russe de frapper Kherson au moment où des milliers de civils sont évacués des zones inondées à la suite de la destruction du barrage de Kakhovka, situé en amont sur le fleuve Dniepr. Selon Kiev, une personne a été tuée et 18 blessées, dont des membres des services d’urgences, dans des frappes russes sur le centre de Kherson et les environs.
L’envoyé spécial de France 24 et RFI à Kherson, Gulliver Cragg était « au moment du début des tirs à l’un des deux points d’accès à l’eau, dans le centre de Kherson », alors que le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’était également rendu dans la ville.
« En temps ordinaires, ce sont des simples carrefours où se concentraient désormais les activités des volontaires venus avec leurs bateaux pour les opérations d’évacuation et sauvetage, à destination des populations vivant dans des zones sinistrées, a rapporté Gulliver Cragg. Là où je me trouvais, il y avait une ambiance plutôt tranquille, jusqu’au moment où on a entendu les premiers tirs. Et là, un petit mouvement de panique, tout le monde a essayé de se mettre à l’abri. Puis, on a entendu des tirs extrêmement forts. »
Frappes dans un point où « Zelensky avait été photographié »
« Il s’est avéré ensuite que l’endroit frappé a été l’autre endroit où il y a un point d’eau, le rond-point appelé place des Armateurs : c’est là où le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait été photographié quelques heures plus tôt. On peut alors se poser la question si les Russes pensaient cibler directement le président ukrainien. Mais les frappes ont eu lieu assez longtemps après le départ du chef de l’État », a rapporté Gulliver Cragg, depuis Mykolaïv, autre ville du sud du pays, où le président s’est rendu quelques heures après Kherson.
Selon le gouverneur régional, Oleksandre Prokoudine, parmi les blessés figurent « deux secouristes, un policier, un infirmier et un bénévole allemand ». Le parquet régional a par ailleurs fait état de « quatre habitants blessés » dans une autre frappe sur un village proche de Kherson.
« Vous êtes héroïques », a lancé aux sauveteurs travaillant « sous le feu » russe le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dans un message publié sur les réseaux sociaux après s’être rendu dans la région où plus de 600 km² ont été inondés.
« Après s’être rendu à Kherson, Volodymyr Zelenski a poursuivi sa visite dans le sud de l’Ukraine, notamment dans la région de Mykolaïv, où je me trouve actuellement, a poursuivi Gulliver Cragg. Il y a parlé de la gestion des inondations, allant à une ville qui s’appelle Snihourivka, où les autorités ont créé un centre pour la gestion des zones sinistrées. Cela notamment pour parler des problèmes que la région aura sur le long terme, par exemple pour l’agriculture. Même si c’est plus vers le sud, dans la région de Kherson, et les villages autour, où les inondations sont les plus importantes, le niveau de l’eau est également monté considérablement au nord, comme dans la ville de Snihourivka. »
À ce stade, les autorités ukrainiennes et d’occupation russe recensent six morts dans les inondations.
Les forces russes accusent Kiev de bombardements ayant tué une femme enceinte pendant une évacuation
Les autorités d’occupation russe en Ukraine ont de leur côté accusé Kiev de bombardements qui ont tué deux personnes, dont une femme enceinte, dans un point d’évacuation à Golan Pristan, dans la zone sous contrôle russe.
Le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a par ailleurs affirmé que ses troupes avaient contré une offensive ukrainienne dans la région de Zaporijjia, au nord-est de celle de Kherson, à l’heure où Kiev se dit prêt à lancer un assaut pour reconquérir les territoires occupés par Moscou. « Aujourd’hui à 01h30 du matin (mercredi 22h30 TU) dans la zone de Zaporijjia, l’ennemi a tenté de percer nos défenses avec (…) jusqu’à 1 500 hommes et 150 véhicules blindés », a-t-il affirmé dans un communiqué. L’ennemi est stoppé et recule avec de lourdes pertes. »
Des affirmations toutefois invérifiables de source indépendante. Les autorités ukrainiennes n’ont pas fait mention de ces événements dans l’immédiat.
Mercredi 7 juin, Volodymyr Zelensky avait critique les ONG internationales pour leur absence dans la région de Kherson. Pourtant, selon le porte-parole du bureau humanitaire de l’ONU (Ocha) en Ukraine Saviano Abreu, affirme que l’Ocha était « déjà dans la région et le 6 juin, jour du désastre et de l’explosion, nous avions augmenté notre soutien pour que les personnes qui souffrent puissent recevoir l’aide dont elles ont besoin ».
Environ 18 000 personnes qui ont dû fuir leurs maisons inondées ont déjà reçu une aide alimentaire. On a également apporté plus de 100 000 bouteilles d’eau. Et l’eau est clairement le plus gros problème actuellement dans cette région. Le barrage de Kakhovka approvisionnait en eau plus de 700 000 personnes dans le Sud de l’Ukraine. La pénurie d’eau, dans les prochains jours et les prochains mois, deviendra un problème très complexe auquel nous devrons apporter une réponse. L’agriculture a aussi été touchée. On a également apporté un soutien psychologique, distribué des produits d’hygiène et aidé les personnes évacuées à organiser les lieux de transit pour qu’elles soient accueillies avec dignité.