Une « profonde préoccupation » plutôt qu’une ferme condamnation de la guerre russe en Ukraine. C’est tout ce que les 27 auront pu obtenir des 32 États signataires de cette déclaration de clôture. Le Nicaragua, proche de Moscou, n’a pas donné sa signature. Mais la Celac et l’UE ont généralement dépassé leurs clivages pour mettre en avant une feuille de route commune.
Ralph Gonsalves, Premier ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines et président en exercice de la Celac liste quelques-uns des nombreux sujets mentionnés dans la déclaration : « Tout le monde n’a pas obtenu ce qu’il souhaitait dans la déclaration. Il y a eu des désaccords comme on s’y attendait, mais nous y sommes parvenus. Des sujets comme le financement de la lutte contre le changement climatique, la réforme de l’architecture financière mondiale, ou le développement social inclusif. D’autres issus de notre histoire et qui laissent encore des traces comme l’esclavage ou la traite des esclaves. »
De longues et âpres négociations
Le texte final, qui devait mentionner la guerre de la Russie en Ukraine, a fait l’objet de longues et âpres négociations. Ce n’est pas un mystère, plusieurs États de la zone Amérique latine et Caraïbes ne souhaitaient pas condamner Moscou, par alignement idéologique ou pour ne pas en subir les conséquences.
Le retrait de Moscou de l’accord sur les céréales a-t-il joué un rôle ? Un texte a été validé par les 27 membres de l’UE bien sûr, mais aussi par 32 des 33 États de la Celac. Un texte très resserré, qui fait référence à la guerre contre l’Ukraine sans mentionner Moscou, et appelle au respect de la Charte des Nations unies, l’unique « socle commun » à tous les participants, comme l’a souligné la présidente de la Commission européenne.
« Bien sûr, nous avons beaucoup discuté le fait que tout le monde souhaite que cette guerre prenne fin, que la paix soit juste, durable et axée, ancrée dans la Charte des Nations unies. Nous avons discuté explicitement de l’importance de la Charte. C’est notre socle commun. Et elle existe pour tous les pays », a déclaré Ursula von der Leyen.
Seule opposition à ce texte, qui n’a eu de cesse de se réduire au fil des jours, des heures de tractation : le Nicaragua. Même Cuba a fini par infléchir sa position. Une mention à la résolution de l’ONU de novembre dernier, appelant à mettre fin au blocus de Cuba, a permis d’obtenir le soutien de La Havane à cette feuille de route censée marquer un nouveau départ entre les deux régions.
Une quasi-unanimité saluée à Bruxelles
« Il y a aujourd’hui une réticence, pour rester pudique, du Nicaragua, à signer le texte tel qu’il figure dans nos conclusions, confiait le président français, Emmanuel Macron, en fin d’après-midi. Donc, on verra, s’il s’agit d’une conclusion portée par les deux présidences, compte tenu des modalités internes de la Celac, pour ne pas aller contre un seul membre. Mais je peux vous dire que les discussions que nous avons eues ont montré que pour l’unanimité, sauf un membre de la Celac, il y avait véritablement un alignement sur le texte que nous proposons.
Les discussions vont se finaliser formellement pour savoir si c’est une déclaration commune ou une déclaration des deux présidences.
C’est donc à l’arrivée une déclaration sans le Nicaragua, dans laquelle les dirigeants des autres pays expriment leur « profonde préoccupation sur la guerre en cours contre l’Ukraine ».
Le président Macron a par ailleurs donné crédit en partie à Lula, son homologue brésilien, pour ses efforts. Il fait partie de ceux qui permettent de « bâtir des ponts », a-t-il dit à son partenaire sud-américain. Un rôle aussi important dans les efforts pour rétablir le dialogue entre le pouvoir et l’opposition au Venezuela. Une réunion y était consacrée ici.
Ce sommet a aussi été l’occasion d’annoncer des investissements européens de 45 milliards d’euros dans le cadre de Global Gateway, l’initiative pour tenter de concurrencer la Chine dans le domaine de la construction d’infrastructures, en particulier dans les énergies propres. Il a aussi vu la Pologne donner son feu vert pour lever son veto sur les accords post-Cotonou sur le partenariat de l’UE avec les pays d’Afrique et les Caraïbes.
Même si les ONG venues manifester à Bruxelles contre le traité de libre-échange UE-Mercosur, qui contredit selon elles les engagements environnementaux de l’Union européenne, cette dernière a bon espoir de parvenir à une signature d’ici à la fin de l’année.