Bâtiments officiels et mosquées fissurées, maisons écroulées, murs d’enceinte en terre détruits… Plus nous avançons au cœur des montagnes, vers l’épicentre du tremblement de terre, plus les destructions sont importantes. À 50 kilomètres à vol d’oiseau de l’épicentre, pas un village, pas un hameau n’est épargné.
Les conséquences des secousses sont bien visibles. Notamment à Tinzert, 400 habitants et 21 morts. Perchée en haut d’une colline, cette petite cité pleure encore ses disparus. Sur une bande de 100 mètres de large, les maisons ont été littéralement soufflées, totalement détruites, comme si une immense vague avait tout balayé.
Énormément d’habitations restées debout sont désormais inhabitables. Beaucoup de familles vivent à l’extérieur, car elles craignent que tout s’écroule. Les journées sont chaudes, les nuits sont fraîches et les provisions commencent à manquer. Les routes sont encore très difficiles à utiliser sans entrave.
Dans une odeur de mort, celle des têtes de bétail restées bloquées, il ne reste qu’un amas de pierre, de bois, un camion recouvert de gravats et ces images : celles d’un homme, un ancien qui récupère comme il le peut un tapis et des vêtements ; les larmes, les cris d’un enfant inconsolable lorsqu’il découvre l’état de son village.
Reste qu’au cœur de ce chaos, la solidarité est bien là, lorsqu’un camion arrive dans ce cul-de-sac et que des bénévoles distribuent des vivres, de l’eau, des couvertures, des bâches et des mots, ceux du réconfort, ceux qui tentent d’apaiser une douleur encore extrêmement vive dans tous les villages où nous sommes passés.
Farine, sucre, pâtes, eau… Les populations manquent de tout.
Le flux des ambulances, des voitures et des camions ne s’arrête pas. La mobilisation est permanente. Les habitants de la région chargent leurs véhicules et montent d’eux-mêmes, directement dans les villages les plus isolés. Alors qu’au cœur de la bourgade, la piste est coupée, dans le calme, la distribution s’est organisée.
« Ça fait pleurer et ça fait mal au cœur »
À Moulay Brahim, une cité construite à flanc de montagne sur les contreforts de l’Atlas, des bâtiments se sont écroulés, ils sont transformés en tas de béton et de pierres. Beaucoup de maisons sont lézardées, fissurées et menacent de tomber aussi. Comme celle de la famille Ait Dahman, dont a façade est désormais un trou béant.
Malgré les difficultés, certaines familles ont décidé de rester, d’autres sont déjà descendues dans la vallée. Devant les anciens, le regard perdu, les enfants tentent de s’amuser. Omar, 35 ans, est pour sa part dévasté, traumatisé par le séisme. Il s’est confié à notre micro.
Malheureusement, le cas est catastrophique. Les maisons sont gravement touchées. Pour les gens, il y a des décès, des nuits dures avec beaucoup de douleur. Ça fait pleurer et ça fait mal au cœur. Ça fait donc plus que pleurer. Les larmes ne sont pas le symbole de tristesse… ça fait mal au cœur, c’est tout.
Des pierres de plusieurs tonnes sur la route
Pour arriver jusqu’à Moulay Brahim, il faut rouler au pas, passer entre les pierres, parfois de plusieurs tonnes, tombées sur la route que les engins de chantier du génie civil et de l’armée dégagent mètre après mètre.
Permettre le passage des véhicules de secours, des ambulances escortées par des motards de la gendarmerie : voilà la priorité des autorités qui cherchent à accéder désormais aux lieux les plus reculés frappés par le séisme.