« Je tiens à présenter mes plus sincères excuses pour ce qui s’est passé vendredi et pour la situation dans laquelle le président Zelensky et la délégation ukrainienne ont été placés », a déclaré Justin Trudeau devant le Parlement.
Vendredi, les députés de tous les partis, Justin Trudeau, son gouvernement et Volodymyr Zelensky, de confession juive, s’étaient levés pour applaudir Yaroslav Hunka, vétéran ukrainien de 98 ans accusé d’avoir combattu dans la SS, ignorant les détails de son passé. « C’était une terrible erreur et une violation de la mémoire de ceux qui ont cruellement souffert aux mains du régime nazi », a ajouté le Premier ministre canadien.
Cette déclaration survient au lendemain de la démission du président de la Chambre des communes du Canada, Anthony Rota. C’est ce dernier qui avait fait applaudir dans l’enceinte du Parlement canadien Yaroslav Hunka. Selon l’association de défense de la communauté juive au Canada, les Amis du Centre Simon Wiesenthal (FSWC), Yaroslav Hunka a servi dans la 14e division Waffen Grenadier de la SS, une unité militaire nazie dont les crimes contre l’humanité pendant l’Holocauste sont bien documentés.
Une « flagrante erreur » reprise par la propagande russe
Cet hommage a été rendu alors qu’il s’agissait de la première visite officielle du président ukrainien sur le sol canadien depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022. « C’est troublant de penser que cette flagrante erreur soit politisée par la Russie et ses partisans afin de diffuser une propagande mensongère », a également souligné le Premier ministre. La Russie accuse en effet les dirigeants ukrainiens d’être des « néo-nazis » et avance, comme justification à la guerre, la nécessité de « dénazifier » son voisin.
L’épisode canadien risque donc d’alimenter davantage cette rhétorique. L’ambassadeur de Russie au Canada, Oleg Stepanov, a d’ailleurs parlé de « commémoration scandaleuse », demandant mardi au Premier ministre canadien de s’excuser aussi auprès de la Russie pour les « multiples crimes de guerre » commis par cette brigade SS à l’encontre du peuple russe.
En Pologne, le gouvernement a lancé une enquête pour vérifier si ce vétéran ukrainien n’avait pas commis de crimes sur son territoire, en vue de son éventuelle extradition.