Dans ce nouveau décret, le président Alassane Ouattara met fin « aux fonctions du Premier ministre, chef du gouvernement, ainsi qu’à celles des membres du gouvernement », selon un communiqué lu par le secrétaire général de la présidence Abdourahmane Cissé. « En attendant la nomination du nouveau Premier ministre et la mise en place du nouveau gouvernement, le Premier ministre et les membres du gouvernement sortant sont chargés d’expédier les affaires courantes », précise le communiqué.
Patrick Achi avait été nommé en mars 2021 après le décès des suites d’un cancer de son prédécesseur, Hamed Bakayoko, qui avait lui-même succédé à Amadou Gon Coulibaly, mort en juillet 2020. Il avait démissionné en avril 2022, avant d’être reconduit à son poste dans la foulée, lors d’un léger remaniement. Le mois dernier, il a remporté une confortable victoire aux élections locales, dans sa région de la Mé (Sud). Mais le président de la République avait déjà prévenu, la semaine dernière en Conseil des ministres, qu’une victoire aux élections locales ne garantirait pas un maintien en poste ministériel.
La décision d’Alassane Ouattara n’est pas une surprise, elle était attendue depuis une semaine, rappelle notre correspondante à Abidjan, Marine Jeannin. Lors du dernier Conseil des ministres, le 28 septembre, le président avait prévenu les membres du gouvernement d’un prochain remaniement.
On ignore pour le moment si c’est le Premier ministre sortant Patrick Achi qui sera reconduit à son poste. Dans son communiqué, le chef de l’État a exprimé « sa gratitude au Premier ministre Patrick Achi et à l’ensemble des membres du gouvernement pour leur engagement au service de la nation au cours de ces dernières années ». Plusieurs noms circulent déjà pour sa succession à la Primature, comme le directeur de cabinet d’Alassane Ouattara Fidèle Sarassoro ou, justement, le secrétaire général de la présidence Abdourahmane Cissé.
Répondre aux préoccupations dans un contexte d’inflation
Le parti présidentiel RHDP est pourtant sorti largement vainqueur des élections locales et sénatoriales du mois de septembre. Mais l’élection présidentielle de 2025 se profile, et les trois grands partis commencent déjà à se placer en ordre de bataille. D’après les analystes, Alassane Ouattara pourrait avoir besoin d’un gouvernement de mission pour renforcer la cohésion sociale, en mélangeant technocrates et politiciens. Une manière, peut-être, de répondre aux préoccupations des populations dans un contexte économique marqué par l’inflation.
Pour le politologue Geoffroy-Julien Kouao, il ne s’agit pas d’un simple remaniement, mais d’un véritable changement de l’équipe gouvernementale pour préparer la présidentielle de 2025. « Il veut accélérer ses grands travaux », donc « c’est une manière pour le président de dire « je comprends ce que vous ressentez, je vais mettre en place de nouveaux collaborateurs » » qui auront comme responsabilité de « juguler cette inflation ».