La Prix Nobel de la paix Narges Mohammadi est «une personnalité exceptionnelle et déterminée»

RFI : Quelle est votre première réaction à l’attribution du prix Nobel de la paix à Narges Mohammadi ?

Karim Lahidji : Honnêtement, je m’attendais à cette récompense. C’est d’abord grâce à ce combat des femmes iraniennes, des femmes courageuses qui se mobilisent depuis un an sous ce slogan « Femme, Vie, Liberté ! ». Ce combat qui a fait plus de 500 victimes, tuées dans les rues par le régime répressif de la République islamique d’Iran. Et il y a des milliers de personnes qui sont en prison. C’est donc cela qui est récompensé et d’autre part le combat de Narges elle-même. Au cours de ces vingt dernières années, elle a été arrêtée et détenue cinq fois. La dernière fois, elle a été condamnée à 16 ans de prison et malgré toutes ces détentions successives, elle continue son combat de l’intérieur de sa prison.

Elle est en effet en prison à Evin, à Téhéran, d’où elle fait passer des messages. D’ailleurs, elle avait donné une interview à RFI récemment. Qu’est-ce qu’elle raconte de sa vie en détention ?

Elle est une porte-parole emprisonnée, de son mouvement. Depuis l’année dernière, son combat a évolué. Avant, elle était beaucoup engagée contre la peine de mort. Elle avait été notamment condamnée parce qu’elle faisait partie de ces mouvements appelés « Exécution, ça suffit ! ». Vous savez que l’Iran a été toujours « champion des exécutions » dans le monde. Et maintenant, depuis un an, Narges Mohammadi continue son combat contre un régime clérical archaïque et pour l’établissement d’un régime séculier et démocratique.

Vous la connaissez vous personnellement, que pouvez-vous nous dire de sa personnalité ?

C’est une personnalité assez exceptionnelle. Je connais Narges, je connais son mari Taghi Rahmani et ses enfants. Elle est très déterminée, elle a été obligée d’envoyer ses enfants chez son mari exilé en France, à cause de ses arrestations successives. Et alors qu’elle est privée de voir son mari, ses enfants, elle continue ce combat pour qu’il ait une issue.

Dans son entretien à RFI en juillet dernier, Narges Mohammadi disait combien c’était difficile d’être séparée de ses enfants, qu’elle avait un peu tout perdu, mais elle continue quand même son combat parce qu’elle croit que le régime tombera. C’est aussi votre avis ?

C’est un régime qui ne tolère aucune opposition, critique, à l’encontre de la politique répressive qui sévit en Iran depuis 40 ans. Lorsque nous avons commencé ce combat pour les droits de l’homme, on nous disait, nous les générations précédentes, que c’était un combat éternel pour la dignité, combat pour la liberté. Pour Narges aussi, cela fait 20 ans qu’elle lutte et elle va continuer grâce à ce mouvement « Femmes, Vie, Liberté ! » pour l’établissement d’un régime séculier et démocratique. Narges Mohammadi est l’une des porte-paroles de ce mouvement, même à l’intérieur de sa prison.

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