Selon une ordonnance consultée par l’AFP, la Cour constitutionnelle « ordonne » la libération « immédiate » de l’ancien président (1990-2000) jugé coupable de la mort de 25 personnes dans deux massacres perpétrés par un commando de l’armée dans le cadre de ce qui avait été appelé la guerre contre le terrorisme (1980-2000).
La Cour, dont l’ordonnance ne peut pas faire l’objet d’un appel, rétablit ainsi la grâce accordée à Alberto Fujimori en 2017 et qui avait été révoquée deux ans plus tard par la Cour suprême.
La juridiction, qui veille au respect des droits fondamentaux consacrés par la Constitution, avait déjà ordonné en mars 2022 la libération d’Alberto Fujimori, qui souffre de nombreux problèmes de santé. Mais quelques semaines plus tard la Cour interaméricaine des droits de l’homme, basée au Costa Rica, avait ordonné à l’État de « s’abstenir d’exécuter » cette décision.
Le pays, alors dirigé par le président de gauche Pedro Castillo, s’était conformé à la décision.
La famille de l’ancien chef d’Etat, détenu dans la petite prison de Barbadillo située dans une caserne de police de la capitale, a demandé à maintes reprises sa remise en liberté pour raisons de santé. L’ancien président souffre de manière récurrente de problèmes respiratoires et neurologiques, dont des paralysies faciales, et d’hypertension. Alberto Fujimori a été hospitalisé à plusieurs reprises au cours des dernières années, dont la dernière en février, en urgence, pour « irrégularité du rythme cardiaque ».
L’avocat de l’ancien président, Elio Riera, s’est rendu à la prison de Barnadillo pour y accomplir les démarches administratives nécessaires à la libération de M. Fujimori. « Le président s’est montré très content, il a reçu l’ordonnance avec beaucoup de joie », a déclaré l’avocat à la radio RPP.
Alberto Fujimori a gouverné le Pérou d’une main de fer mais, face à une opposition croissante, il s’était enfui en novembre 2000 au Japon, d’où sa famille est originaire. C’est par fax qu’il avait annoncé alors renoncer à son mandat. Extradé ensuite du Chili en 2007, il avait été condamné et emprisonné deux ans plus tard.
Depuis l’annonce de la libération, les associations de défense des droits de l’homme font part de leur colère, rapporte notre correspondante à Lima, Juliette Chaignon. Un appel à la manifestation a été lancé ce mardi. « La situation est extrêmement grave », ont déclaré les avocats des familles des victimes. Les associations féministes s’indignent également. Elles rappellent qu’Alberto Fujimori est accusé d’avoir mené, avec son gouvernement, des campagnes de stérilisations forcées sur plusieurs milliers de femmes durant son mandat.