Trois cents mille Gazaouis ont suivi l’ordre d’évacuation de Rafah, affirme l’armée israélienne. Un flot continu de civils qui fuient sans véritablement savoir où aller. « Ils partent d’une ville sous les bombes, en cours de destruction, vers des villes voisines déjà complètement détruites », affirme Bahaa Abu Rokba, sauveteur secouriste au Croissant-Rouge palestinien sur place.
Les gens fuient mais se retrouvent à la rue. Ils n’ont pas de tentes. Rafah était le dernier endroit dans la bande de Gaza à disposer encore de maisons en relativement bon état, et d’écoles qui pouvaient accueillir les déplacés. À présent, les gens sont partis à al-Mawassi, à Khan Younès et à Deir al-Balah. Mais ce sont des zones abandonnées, parce qu’entièrement détruites. Je ne sais pas comment ils vont faire pour s’y installer.
Le chaos règne, dans le sud de la bande de Gaza. « Et la situation dans le nord du territoire palestinien est tout aussi catastrophique », précise Bahaa Abu Rokba, dont la famille se trouve à Jabaliya. « Je sais qu’ils sont assiégés à Jabaliya. Mais je n’ai pas plus de nouvelles. J’essaye d’appeler mon père, en vain. Notre dernier échange remonte à deux jours. Je l’ai supplié de partir avec le reste de la famille, mais il m’a dit qu’ils n’avaient nulle part où aller. Jabaliya est entièrement encerclée par les chars israéliens. »
Plus globalement, toute la population de la bande de Gaza se trouve en situation de vulnérabilité aiguë. Avec les offensives israéliennes en cours, les points d’entrée de l’aide humanitaire dans Gaza – le terminal de Rafah et Kerem Shalom – sont fermés ou ne fonctionnent plus. Selon l’ONU, près de 2 000 camions chargés d’aide attendent côté égyptien de pouvoir livrer leur cargaison à Gaza.