Comme tous les cinq ans, les députés européens ont auditionné un à un les candidats mis en avant par les capitales de l’UE pour devenir commissaires européens. Ce sont eux qui présideront aux destinées des politiques européennes pour les cinq ans à venir et c’est le moment où le Parlement européen a le plus le moyen pour influer sur les grandes orientations. Vingt-six candidats au total, puisque la présidente Ursula von der Leyen a déjà été adoubée.
Les auditions de ce mardi ont été largement positives pour l’ancienne Première ministre lettone Kaja Kallas, candidate au poste de cheffe de la diplomatie européenne. Elle a été jugée brillante sur la Russie et la Chine, un peu évasive sur le Proche-Orient, mais qui jouait sur du velours. Côté Français, Stéphane Séjourné (Renaissance), pourtant armé d’un maigre bagage en matière de compétences économiques pour le portefeuille économique, commercial et financier qu’il brigue, n’a pas été la cible d’attaques des socialistes. Signe que ce parti va jouer le jeu de la coalition avec les centristes de Renew et le centre-droit du PPE.
Les candidats hongrois et italien en difficulté
Deux candidats s’en sont en revanche un peu moins bien sortis. Et c’est surtout le cas de Raffaele Fitto, fortement attaqué par les écologistes pour son appartenance au parti de Giorgia Meloni, Fratelli d’Italia, classé à l’extrême droite. Olivér Várhelyi, le candidat hongrois, proche de Viktor Orban, est en ballotage défavorable et reste le seul des 20 auditionnés la semaine passée à ne pas être encore fixé sur son sort. Ces deux-là n’appartiennent à aucun des partis de la coalition et pourraient tomber pour des raisons politiques. La réponse n’est pas encore sur la table, car les réunions des commissions qui doivent décider ou non de donner leur aval ont été repoussées à ce mercredi au plus tôt.
Il reste qu’on est désormais entré dans ce que certains appellent ici « l’équilibre de la terreur ». Dans l’ensemble, il n’est plus vraiment question de compétence pour adouber ou non un futur commissaire. Les partis craignent largement de refuser le candidat d’une autre formation, de peur que l’un de leur soit récusé par rétorsion. À savoir qu’une fois que les candidats seront validés, le Parlement européen ne pourra plus rejeter un commissaire seul par le vote, mais uniquement l’ensemble du collège.
Au programme, plus de trois heures d’examen oral, sans assistance de collaborateurs, explique notre correspondante à Bruxelles, Laxmi Lotta. La performance est filmée et diffusée en direct sur internet pour que les citoyens puissent, eux aussi, juger des capacités du candidat commissaire. Face aux eurodéputés, il faut présenter son programme, prouver son engagement européen, son indépendance face aux différents lobbys et surtout ses connaissances dans les thématiques du portefeuille visé : culture, finances ou numérique par exemple. Tout le monde n’y parvient pas : en 2019, trois personnes ont échoué. Il y a également des questions écrites auxquelles les candidats ont dû répondre au préalable. Leurs réponses sont aussi publiées sur le site internet du Parlement. 26 commissaires au total passeront l’examen. Une fois les auditions terminées, le Parlement votera pour approuver ou rejeter la Commission européenne dans son ensemble lors d’une session plénière.