France: François Bayrou consulte les forces politiques pour tenter de composer son futur gouvernement

Le nouveau Premier ministre reçoit les groupes parlementaires de l’Assemblée nationale « par leur ordre d’importance » numérique dans cette chambre. À eux de décider de la composition de leur délégation, avec ou sans chef de parti.

La présidente du groupe des députés Rassemblement national Marine Le Pen et celui du parti Jordan Bardella sont arrivés à 9h locales à l’hôtel Matignon. La leader frontiste avait fustigé dimanche une « méprisable coalition des contraires » mais ne  censurera pas « a priori ». Les deux responsables d’extrême-droite avaient déploré ne pas avoir été reçus assez tôt par l’ancien Premier ministre Michel Barnier.

Marine Le Pen du Rassemblement national n’était pas venue nouer des alliances, mais plutôt comparer François Bayrou avec Michel Barnier, qu’elle a fini par censurer car pas suffisamment à l’écoute des demandes de ses électeurs à son goût sur le pouvoir d’achat, la sécurité et l’immigration.

« La méthode est plus positive que ce que j’ai pu voir jusqu’à présent. Maintenant, j’espère qu’elle qu’elle sera utile. » Soit de la satisfaction à ce stade, mais cela peut évoluer une fois le budget présenté, comme les projets sur l’immigration. Et la proportionnelle.

Suivront les chefs de groupe socialistes, Boris Vallaud pour l’Assemblée et Patrick Kanner pour le Sénat, avec le Premier secrétaire du PS Olivier Faure, qui n’ont pas l’intention d’entrer au gouvernement, mais se sont montrés prêts à discuter sur différents sujets, comme d’une « conférence sociale » sur les retraites ou de la taxation des hauts revenus, autant de propositions que soutient le MoDem, le parti de François Bayrou.

Olivier Faure confirme chercher un accord de non censure : « Nous sommes dans une opposition qui est elle-même ouverte au compromis. Encore faut-il qu’un chemin soit ouvert et de ce point de vue, pour l’instant, nous sommes restés sur notre faim. Le stade où nous nous parlons, nous n’avons rien signé. Il n’y a pas d’accord de non censure. » Il n’en dira pas plus sur le contenu des discussions sur les retraités ou encore l’avenir du très conservateur ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.

Même attentisme du côté des forces présentes dans le précédent gouvernement, doublé cette fois de discrétion. Ni Gabriel Attal pour les macronistes, ni Laurent Wauquiez pour les Républicains n’ont souhaité s’exprimer à la sortie de leurs échanges avec le Premier ministre. Car François Bayrou, qui a tenu à appeler personnellement chaque chef de groupe, s’est entretenu ensuite avec Gabriel Attal, à la fois le chef de file des députés macronistes Ensemble pour la République (EPR), et président du parti Renaissance, qui lui a marqué son soutien.

Le chef de file des députés Droite républicaine (DR) Laurent Wauquiez est venu seul. Son parti LR conditionne la participation de la droite au gouvernement au « projet » que leur présentera François Bayrou.

La France insoumise, qui a déjà promis la censure, a refusé de rencontrer François Bayrou lundi dans ce cadre, par « crainte » selon Jean-Luc Mélenchon « que tout ça soit à nouveau une comédie ».

Il s’agit d’un premier cycle de discussions qui en appelle un second. Un participant assuré que le Premier ministre sait déjà quand il veut présenter son gouvernement.

Former une équipe resserrée et dominée par des « personnalités » d’expérience

Parallèlement à ces consultations, qui se poursuivront mardi, François Bayrou peaufine son équipe qu’il veut resserrer et dominée par des « personnalités » d’expérience, en laissant Mayotte touchée par un ouragan meurtrier aux mains d’Emmanuel Macron.

François Bayrou, qui a revu dimanche soir Emmanuel Macron, s’est défini dimanche comme « un Premier ministre de plein exercice et de complémentarité » avec le président qui avait hésité jusqu’à la dernière minute à le nommer.

François Bayrou n’a toutefois pas l’intention de batailler sur les postes régaliens, qui relèvent du domaine dit « réservé », selon une source gouvernementale. Le MoDem détient actuellement le ministère des Affaires étrangères, avec Jean-Noël Barrot. Reste à savoir si Sébastien Lecornu, un fidèle d’Emmanuel Macron que le chef de l’État a hésité à nommer à Matignon, souhaite rempiler à son poste.

François Bayrou a reçu le 13 décembre le ministre de l’Intérieur sortant Bruno Retailleau (LR), à qui il a laissé le pilotage de la crise à Mayotte, touché par un cyclone meurtrier, comme un gage de la poursuite de sa mission au gouvernement. Mais le maintien de ce ministre clivant divise. Les socialistes contestent d’abord son projet d’une nouvelle loi immigration. Le président du Sénat Gérard Larcher (LR) a plaidé pour que soit reconduit son collègue de parti.

Porter le nouveau projet de loi de finances pour 2025

Le temps presse pour la formation du gouvernement, car c’est lui qui portera le nouveau projet de loi de finances pour 2025, interrompu par la censure. Et ce, alors que le déficit s’aggrave et que les agences de notation froncent les sourcils.

Le nouveau Premier ministre a reçu dimanche le ministre sortant du Budget Laurent Saint-Martin, avant l’examen par les députés lundi du projet de la loi spéciale qui permettra la continuité de l’État, en l’absence de budget adopté dans les temps.

Il s’est aussi entretenu samedi avec le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, et le président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici. Autant de profils possibles pour Bercy, comme celui aussi de Roland Lescure.

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