À la frontière mexicaine, des migrants dans l’expectative face à la politique de Trump

Un agent de l'immigration mexicaine explique aux migrants bloqués à la frontière avec les États-Unis que la traversée leur est interdite, le 21 janvier 2025.
Un agent de l’immigration mexicaine explique aux migrants bloqués à la frontière avec les États-Unis que la traversée leur est interdite, le 21 janvier 2025. AP – Edgar H. Clemente

À la frontière mexicaine, la situation est pour l’instant très calme, rapporte notre envoyé spécial à San Diego, Achim Lippold. Depuis plusieurs mois, le nombre de migrants a fortement diminué. Une tendance qui s’explique aussi par les mesures prises par le prédécesseur de Donald Trump, comme le souligne Meghan Zavala, de l’organisation de défense des migrants Al Otro Lado.

« L’administration Biden a considérablement augmenté la capacité de détention aux États-Unis et le nombre de personnes retenues dans ces centres. En 2021, il y avait en moyenne 15 000 migrants détenus. En décembre dernier, ce chiffre était monté à 40 000. Ces politiques ont pavé la voie pour les expulsions massives promises par Donald Trump », explique-t-elle.

« Des gens essaieront toujours de traverser »

Des expulsions qui pourraient avoir des conséquences dramatiques sur la communauté immigrée, estime Victor, un Mexicain installé à San Diego depuis plus de 20 ans. Quant à la promesse du président de fermer complètement la frontière, il n’y croit pas. « Oui, des gens essaieront toujours de traverser. Il y en aura peut-être moins, mais il y en aura. Vous savez, la frontière est très, très longue. »

Même avec des mesures plus strictes, les migrants continueront de tenter leur chance, abonde Benjamin Prado, militant pour les droits des migrants à San Diego. « Le problème avec la fermeture des frontières, c’est que les gens empruntent des routes toujours plus dangereuses. Beaucoup meurent en essayant de traverser. Ils ont construit des murs de neuf mètres de haut pour que les gens perdent l’équilibre, tombent et meurent. »

Des migrants bloqués à la frontière

Pour Benjamin Prado, l’état d’urgence à frontière décrété par Donald Trump n’a qu’un seul objectif : créer la panique chez les immigrants qui sont pour certains d’entre eux bloqués à la frontière et laissés dans l’inconnu le plus total. CBP One, le programme par lequel les demandeurs d’asile obtenaient un rendez-vous, a disparu immédiatement après l’investiture. Ces personnes se retrouvent donc bloquées au Mexique, le pays les prend en charge tant bien que mal, puisque tout le monde est dans l’expectative de ce qui va se passer ensuite.

Myriam Gallegos travaille pour le gouvernement de l’État mexicain de Chihuahua. À l’entrée du pont transfrontalier, elle s’adresse aux demandeurs d’asile qui viennent d’être refoulés par les autorités américaines. « Ne vous désespérez pas, n’essayez pas de traverser la frontière illégalement. Il faut attendre », leur lance-t-elle.

Le Mexique réagit dans l’urgence

Sans plus d’information elles aussi, les autorités mexicaines réagissent dans l’urgence aux nouvelles mesures, constate notre envoyée spéciale à la frontière mexicaine, Gwendolina Duval. « On va voir quelle nouvelle méthode les États-Unis vont mettre en place pour pouvoir entrer ou pouvoir solliciter l’asile politique. Pour instant, il n’y a rien d’officiel », explique Myriam Gallegos.

Les premières mesures de Donald Trump, et le rétablissement du programme, laissent des milliers de migrants encore au Mexique dans une impasse, explique une juriste venue d’El Paso pour l’organisation Las Americas. « Pour tous ceux qui ont reçu leur confirmation de rendez-vous avec l’obligation de s’y rendre physiquement, cela doit être respecté », affirme-t-elle. Selon elle, Donald Trump contourne les propres lois de son pays. « C’est une politique mal exécutée, une mauvaise décision et c’est pour ça que les organisations humanitaires et les ONG se battent pour pouvoir revenir sur cet ordre ».

En plus du rétablissement du programme qui oblige les migrants à attendre leur régularisation de l’autre cote, la frontière s’attend à accueillir des vagues de personnes expulsés par Donald Trump.

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