
L’échange téléphonique entre Donald Trump et Vladimir Poutine, mercredi 12 février, a été fructueux, selon les dires du premier sur son réseau Truth Social. « Nous avons convenu de travailler ensemble, très étroitement, y compris en nous rendant visite dans nos pays respectifs », explique le président états-unien. Le Kremlin confirme que Washington et Moscou sont d’accord pour « travailler ensemble ».
Donald Trump explique avoir convenu, avec son homologue russe, de commencer à négocier « immédiatement » sur l’Ukraine. Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a lui déclaré à la presse que Vladimir Poutine a confié au président américain vouloir trouver une « solution de long terme » au conflit ukrainien via des « pourparlers de paix ». « Le président Poutine a mentionné la nécessité de s’attaquer aux causes profondes du conflit », a-t-il précisé.
Trump et Poutine ont rendez-vous en Arabie saoudite
Ce contact direct entre les deux pays est loin d’être anodin. L’ancien président américain, Joe Biden, n’avait pas parlé à Vladimir Poutine depuis plus de trois ans et avait lancé de nombreuses sanctions contre lui, rappelle le correspondant de RFI aux États-Unis, David Thomson.
« Nous voulons mettre fin aux millions de morts liées à la guerre Russie-Ukraine. Le président Poutine a même utilisé mon très percutant slogan de campagne : »BON SENS ». Nous y croyons tous deux très fortement », s’est félicité le conservateur américain, qui a joint ensuite le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, pour évoquer son dialogue avec le maître du Kremlin.
Selon Dmitri Peskov, Vladimir Poutine « a invité Donald Trump à se rendre à Moscou et s’est dit prêt à recevoir des responsables américains en Russie ». Et tous deux ont « convenu de poursuivre les contacts personnels, y compris en organisant des réunis en tête-à-tête ».
La dernière visite d’un président américain en Russie remonte à 2013, souligne David Thomson. Sous Trump, la diplomatie américaine opère ainsi un virage à 180°. Quelques heures après ses premiers messages sur Truth Social, le président américain a déclaré à la presse depuis la Maison Blanche que lui et Vladimir Poutine se rencontreront prochainement en Arabie saoudite, sans préciser de date. « On finira par avoir un cessez-le-feu dans un futur pas si lointain », a-t-il ajouté.
Un signal négatif pour Kiev
« Nous avons parlé des forces de nos nations respectives et du grand bénéfice qu’il y aura un jour à travailler ensemble », a encore écrit Donald Trump, qui a tenu à « remercier le président Poutine pour le temps et l’effort consacré à ce coup de fil, et pour la remise en liberté de Marc Fogel » survenue mardi 11 février après trois ans de détention en Russie. Mercredi 12 février, les États-Unis ont eux accepté de libérer l’expert informatique russe Alexander Vinnik, accusé de crimes liés à la plate-forme d’échange de cryptomonnaies BTC-e.
Outre ce début de réhabilitation de Vladimir Poutine sur la scène internationale qui semble être sur la table, des négociations bilatérales entre la Russie et les États-Unis sont exactement le scénario que l’Ukraine souhaitait éviter, remarque Emmanuelle Chaze, correspondante de RFI à Kiev. « Pas de négociation à propos de l’Ukraine sans l’Ukraine », tel était le mot d’ordre des alliés de l’Ukraine jusqu’à présent ; des discussions entre Washington et Moscou sans Volodymyr Zelensky marqueraient un signal clair envoyé par les États-Unis, en phase d’alignement avec la Russie.
Zelensky croit en « la puissance américaine » pour « trouver un chemin vers la paix »
Les déclarations de Donald Trump depuis le bureau ovale ne sont, elles aussi, pas des plus encourageantes pour le clan ukrainien. Le président a indiqué qu’« il faudra des élections à un moment ou un autre » en Ukraine et qu’une adhésion de l’Ukraine à l’Otan n’était « pas réaliste ».
Volodymyr Zelensky a néanmoins adressé un message optimiste à la nation ukrainienne, parlant d’une « bonne conversation » avec le pensionnaire de la Maison Blanche : « Je suis reconnaissant de l’intérêt sincère du président américain dans cette opportunité conjointe et dans la façon dont nous pouvons parvenir à la paix ensemble. La conversation a été longue, et nous avons discuté de plusieurs aspects, militaires, économiques… »
« Le président Trump m’a informé de ce que Poutine lui a dit. Nous pensons que la puissance américaine est suffisante pour pouvoir, ensemble avec l’Ukraine et tous nos partenaires, mettre la pression sur la Russie et Poutine pour trouver un chemin vers la paix », a-t-il poursuivi.