
Depuis la mise en place de la plateforme « Safe place for science », l’université d’Aix-Marseille a reçu plus de 300 candidatures de chercheurs américains. « On a instantanément été débordés », affirme Éric Berton, président de l’université Aix-Marseille. « Beaucoup de scientifiques ont candidaté parce qu’ils étaient vraiment empêchés dans leurs recherches sur les ARN messagers, les épidémiologies et la cancérologie », précise-t-il.
Dès les premières mesures prises par Donald Trump contre les financements de certaines recherches, Éric Berton a monté le projet « Safe place for science » pour montrer son soutien et apporter une solution aux chercheurs empêchés. « Ce qu’il se passe aux États-Unis à l’heure actuelle influence déjà la science mondiale. Quand on efface des bases de données sur le climat, cela met en péril la prédiction de phénomènes météorologiques potentiellement dangereux », explique-t-il.
L’université a dégagé un budget de quinze millions d’euros pour accueillir entre quinze et vingt scientifiques pendant trois ans. Pour les sélectionner, la faculté se base sur plusieurs critères. « On a identifié un nombre de chercheurs qui sont susceptibles de correspondre les mieux aux laboratoires d’Aix-Marseille université », continue Éric Berton. « Et puis, on va croiser cela avec l’examen de leur situation : est-ce qu’ils sont licenciés, est-ce qu’ils sont empêchés, est-ce que leur thématique n’est plus financée ? », ajoute-t-il.
Les premiers scientifiques américains attendus dès juin
Les jeunes enseignants chercheurs seront recrutés en CDD sur trois ans. Quant aux professeurs plus expérimentés, ils seront recrutés dans les différents laboratoires. « Ensuite, on va travailler avec eux sur la venue de leur famille », affirme Éric Berton en mentionnant le soutien de la région sud pour « faciliter l’obtention de visa, l’inscription des enfants à l’école ».
Dans les locaux de la CGT d’Aix-Marseille, le financement alloué à « Safe place for science » est remis en question. « Voir d’un seul coup quinze millions d’euros débloqués pour l’accueil des chercheurs étasuniens, c’est super », se réjouit Bruno Pouvelle, représentant CGT. « Mais cela étonne, il y a aussi beaucoup de collègues qui sont dans la galère financière », regrette-t-il.
Les premiers scientifiques américains sont attendus dans la cité phocéenne à partir du mois de juin.
Près de 2 000 chercheurs américains lançaient au début du mois un « SOS » pour la science face aux attaques de Donald Trump contre le monde académique et la production de connaissances. Fermeture de laboratoires entiers, licenciements massifs, contrôle des champs de recherche… Les effets sont massifs non seulement aux États-Unis mais également dans le monde entier tant de nombreux partenariats avec des institutions américaines semblent menacés.
Exit les termes : « diversité », « climat », « pollution » et encore même « femme ». Ces derniers font partie des sujets de recherches bannis par les équipes de Donald Trump. À cela s’ajoutent les milliers de licenciements, souvent de jeunes chercheurs. Le projet de budget de la Maison Blanche prévoit également, et c’est le dernier projet en date, une suppression pure et simple du centre de recherche de la NOAA, l’agence américaine d’étude des océans et de l’atmosphère, un centre mondial de référence.
Les conséquences ne se limitent pas qu’aux frontières des États-Unis. Les scientifiques américains des agences fédérales n’ont plus le droit de communiquer sans autorisation avec leurs collègues étrangers. Les emails restent désormais sans réponse. Les échanges entre les États-Unis et le reste du monde sont pourtant massifs. Washington joue un rôle central dans plusieurs programmes aujourd’hui remis en cause. De nombreuses bases de données utilisées par les chercheurs du monde entier dans des domaines allant de l’astrophysique, à la santé, en passant par le climat, sont alimentées par des instruments américains et sont hébergées aux États-Unis. Ces dernières restent aujourd’hui encore disponibles mais le seront-elles encore demain ? Inimaginable il y a quelques mois encore, la question se pose désormais.