Colonisation française à Madagascar: une commission mixte d’historiens va voir le jour

Le président français Emmanuel Macron marche avec la princesse Fenosoa Ralandison Ratsimamanga lors de sa visite au Rova d'Antananarivo, un complexe de palais royal à Madagascar, à Antananarivo, le 24 avril 2025.
Le président français Emmanuel Macron marche avec la princesse Fenosoa Ralandison Ratsimamanga lors de sa visite au Rova d’Antananarivo, un complexe de palais royal à Madagascar, à Antananarivo, le 24 avril 2025. AFP – LUDOVIC MARIN

La visite d’État d’Emmanuel Macron à Madagascar aurait dû voir la restitution de restes humains malgaches, notamment des crânes Sakalava, dont celui présumé du roi Toera. Mais en raison de désaccords entre les descendants du roi et du calendrier coutumier, cette restitution a été reportée à août. Dans l’enceinte symbolique du Rova, après une visite express du palais royal d’Antananarivo, Emmanuel Macron a tenu à souligner l’importance de la démarche. « C’est pour moi très émouvant d’être avec la délégation française dans ce palais, de vous demander d’avoir la force d’âme de faire ce chemin à nos côtés. Et j’espère retirer cette épine que vous évoquez », a-t-il déclaré.

Main dans la main avec la princesse Rastimamanga, descendante de la dynastie royale malgache, le chef de l’État a qualifié cette future restitution des crânes Sakalava comme la première étape d’un long processus ouvrant la voie à une éventuelle commission mémorielle, à l’instar de celles au Cameroun, au Rwanda ou en Algérie. « Notre présence ici n’est pas innocente et notre histoire s’inscrit à travers les âges, mais avec des pages éminemment douloureuses (…). Il conviendra d’ailleurs qu’avec le président Rajoelina, nous ayons ensemble une approche pour faire travailler nos historiens et pour que, là aussi, la vérité, la mémoire, l’histoire et la réconciliation puissent voir le jour », a détaillé le chef d’État, évoquant des « pages sanglantes et tragiques » de la relation entre les deux pays.

« Un moment de notre histoire commune qu’il faut rouvrir »

Emmanuel Macron s’est ensuite directement adressé aux descendants du roi décapité : « Qu’est-ce que nous voulons faire ensemble avec cela ? D’abord permettre le deuil. Et permettre que des vies qui avaient été séparées, des objets qui ont été retirés puissent retrouver leur place. Ça ne répare pas les choses. Il n’y a que vous qui pourrez faire ce chemin de pardon, qui est éminemment intime. Mais nous en créons les conditions. » Pas d’excuses, donc, comme celles tant espérées par une frange de la population malgache pour les répressions sanglantes commises durant la colonisation.

Quelques minutes avant de quitter la Grande Île, Emmanuel Macron a déclaré que le président Andry Rajoelina et lui avaient bien décidé « ce matin » d’instaurer une commission mixte franco-malgache d’historiens, explique notre correspondante à Antananarivo, Sarah Tétaud. Cette commission devra faire la lumière sur les épisodes sombres de l’histoire franco-malgache, notamment les années 1897 et 1947, marquées par des répressions coloniales violentes. « Les atrocités qui ont été commises à cette époque restent encore une plaie très forte dans l’histoire de Madagascar, a expliqué Emmanuel Macron. C’est aussi un moment de notre histoire commune qu’il faut rouvrir. »

Sans plus donner de détails, le président français a donc annoncé la mise en place de travaux communs. Une déclaration qui intervient une semaine jour pour jour après la création de la commission mixte franco-haïtienne. Contactés par RFI, les historiens malgaches saluent cette décision, qui leur permettra, ils l’espèrent, d’accéder enfin aux archives de la police coloniale. Un pas de plus pour lever notamment le voile sur le nombre réel de victimes des répressions. Selon les sources, les chiffres varient entre 10 000 et 100 000 morts.

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