Star de l’équipe des Denver Nuggets, le pivot serbe Nikola Jokic a été sacré pour la seconde fois de suite meilleur joueur de la saison régulière de NBA. Ancien obèse, il a réussi à devenir l’un des plus grands basketteurs au monde. Du haut de ses 2,11 mètres, le basketteur est une vedette discrète, mais qui pourrait bientôt signer un contrat record.
C’est dans son écurie à Sombor, dans le nord de la Serbie, que Nikola Jokic a appris, jeudi 12 mai, la nouvelle. Son entraîneur des Denver Nuggets Mike Malone ainsi que le manager général de l’équipe Tim Connelly ont fait le déplacement depuis les Etats-Unis pour célébrer avec lui son deuxième titre consécutif de MVP (Most valuable player – meilleur joueur) de la saison régulière de NBA.
Entouré de sa famille et auprès de ses chevaux, sa grande passion, le pivot a semblé très ému de recevoir à nouveau ce trophée tant convoité. Agé de 27 ans, il fait désormais partie du même club que Bill Russell, Wilt Chamberlain, Kareem Abdul-Jabbar, Moses Malone, Larry Bird, Magic Johnson, Michael Jordan, Tim Duncan, Steve Nash, LeBron James, Stephen Curry et Giannis Antetokounmpo. Tous des légendes du basket, qui à l’exception de Nash et de lui-même, ont tous aussi été sacrés champions de NBA.
« Juste être en compagnie de Bill (Russell) et de tous les gars qui ont marqué l’histoire de cette ligue et de ce sport… Je veux dire, juste ça, ça en dit long. Ca signifie beaucoup », a-t-il réagi quelques heures plus tard dans l’émission NBA on TNT.
Celui qui est surnommé le « Joker » a enregistré des moyennes de 27,1 points à 58,3 % de réussite, 13,8 rebonds et 7,9 passes cette saison, améliorant ses statistiques dans quasiment chaque secteur par rapport à l’exercice précédent. Au-delà des chiffres, il est récompensé pour son considérable impact sur les performances des Nuggets qu’il a menés à la 6e place du classement de conférence Ouest, sans pouvoir toutefois empêcher ensuite leur élimination au 1er tour des play-offs face à Golden State.
Plébiscité par 65 journalistes sur 100 à la première place du classement MVP, il a, comme l’an passé, devancé le pivot camerounais de Philadelphie Joel Embiid et le Grec Giannis Antetokounmpo, double lauréat en 2019 et 2020.
« J’étais plus grand que les autres, et plus gros aussi »
Si son physique – 128 kg pour 2,11 m – en impose aujourd’hui sur les parquets de NBA, il lui a pourtant valu des moqueries quand il était plus jeune et qu’il découvrait le basket avec ses deux frères, à Sombor, en Serbie. « J’étais plus grand que les autres, et plus gros aussi », a-t-il raconté au Bleacher Report. « J’aimais les maths, l’histoire, mais pas les activités physiques. Au lycée, je ne pouvais pas faire une pompe ».
À l’époque, le jeune garçon boit trois litres de soda par et à 17 ans, il affiche 135 kilos sur la balance. Malgré sa mauvaise condition physique, il est repéré pour son talent et commence à se faire connaître au sein du club KK Mega Basket de Sremska Mitrovica. Il est ensuite repéré par la ligue nord-américaine de basket et lors de la draft 2014, il est sélectionné en 41e position par Denver. Ironie du sort, au moment où son nom est annoncé lors de cette grand messe télévisée, EPSN décide de passer une publicité pour une marque de taco.
À son arrivée aux États-Unis, l’image de malbouffe lui colle à la peau, parfois à juste titre, comme le montre cette anecdote rapportée par Basket Le Mag : « Pour son premier dîner avec le staff, Jokić sort un énorme pot de glace et demande aux dirigeants s’ils en veulent. Il ne s’émeut guère de leur refus. Au contraire, il en profite pour tout avaler. (…) La franchise établit un programme spécial pour son rookie. Première étape, arrêter le Coca ! »
Une reprise en main qui porte vite ses fruits : il gagne en muscle et prend désormais soin de son alimentation. À la fin de sa première saison, il termine troisième au classement des Rookies (joueurs débutants) de l’année. Au fur et à mesure, le Serbe se fait une place dans le championnat le plus relevé au monde. En 2019, il est sélectionné pour la première fois pour le All Star Game, événement qui regroupe les meilleurs joueurs de la Ligue. Le pivot porte aussi son équipe nationale avec qui il décroche en 2016 une médaille d’argent aux Jeux olympiques de Rio.
Sur un parquet, Nikola Jokic sait tout faire : marquer, passer, créer, prendre des rebonds, contrer, défendre. Il est « la réincarnation de Larry Bird », légende du basket des années 1980, résume l’un de ses admirateurs et fin connaisseur, Gregg Popovich, l’entraîneur de San Antonio.
Vers un contrat record
Le géant serbe ne s’attire pas seulement les louanges des meilleurs techniciens du basket, il devient aussi le chouchou des supporters des Nuggets. « Je suis content de vivre ici à Denver. La ville est top et les fans sont incroyables. Il y a de plus en plus de monde dans la salle », avait-il confié en 2017 à Basket USA.
La belle histoire d’amour entre le joueur européen et la ville du Colorado pourrait d’ailleurs continuer, puisqu’il négocie actuellement une prolongation de contrat et pourrait signer, selon les médias américains, pour plus de 240 millions de dollars sur cinq ans. Ce qui établirait un nouveau record en NBA.
Mais malgré cette nouvelle récompense, le numéro 15 garde les pieds sur terre. « Tout le monde sait que je suis le même gars, alors j’espère que je vais rester le même après ça », a-t-il dit mercredi, avec une modestie qui n’a d’égal que son talent.