Médiatisation du sport féminin : les Français.es n’attendent que ça
55 % des Français.es déclarent suivre le sport féminin dans les médias. 72 % aimeraient en voir plus à la télévision. C’est ce que révèle une enquête très récente du groupe TF1 avec le magazine Causette. Réalisée par l’Access Panel ToLuna, l’enquête s’est déroulée du 29 avril au 3 mai 2022 et a analysé les réponses de 694 personnes âgées de 18 à 64 ans.
Portant sur le sport féminin au sens large, son volet concernant la médiatisation est particulièrement pertinent. Si 89 % des personnes interrogées jugent que les médias jouent un rôle dans la visibilité et l’essor des sports féminins, 85 % estiment pourtant qu’il n’est pas assez présent, notamment à la télévision.
Et pour cause d’après les chiffres du CSA et du ministère des Sports, les sportives n’ont le droit qu’à 19 à 20 % du volume horaire total que les chaînes consacrent au sport. Alors oui, c’est un chiffre en augmentation. Entre 2011 et 2019, la durée d’écran adjugée aux manifestations féminines a progressé de 248 %. Mais, on est encore bien loin de la parité parfaite.
Un histoire de sous et de préjugés
La question qui brûle toutes les lèvres : pourquoi la médiatisation du sport féminin est-elle aussi à la traîne ? La réponse prend d’abord, et avant tout, racine dans les préjugés. En effet, si vous la posez à n’importe lequel (ou presque) de vos homologues masculins, il vous répondra très probablement « Mais c’est parce que les filles sont moins bonnes » ou « parce que leurs compétitions sont moins impressionnantes et donc moins intéressantes ».Qu’on le souhaite ou non, la société est encore empreinte de mille et un stéréotypes dû à l’histoire tardive du haut niveau féminin. Or, cela les chaînes le comprennent comme une audience potentiellement plus faible, ce qui signifie moins d’argent à gagner.
n 2019, la Coupe du Monde de foot féminine battait des records d’audience, plaçant sa finale comme programme le plus regardé de l’année, devant le concert des Enfoirés ou la série française Le Bazar de la Charité. Malgré tout, les chaînes sont toujours réticentes quand il s’agit de parier sur le sport féminin. Dans le hors-série d’été de Causette, le journaliste spécialisé dans les médias au journal l’Équipe, Sacha Nokovitch, déclare :
« En 2019, la chaîne BeIn a décidé d’arrêter de diffuser le hand féminin, car elle estimait que ce n’était pas rentable »
C’est un cercle vicieux : impression qu’il n’y a pas de public, pas de diffusion, pas de visibilité, peu de fans donc pas de diffusion, peu d’argent pour les clubs, pas d’investissement donc peu de fans, impression qu’il n’y a pas de public… Autant dire que c’est une histoire compliquée.
Alors qui fera le pari risqué d’engager le premier pas ? Catherine Lallement, la conseillère de l’ex-ministre déléguée aux sports Roxana Maracineanu, nous expliquait en mars dernier qu’il fallait selon elle que tout l’écosystème, à savoir les médias et les fédérations, se mobilise, ait confiance et s’engage.
« On a lancé une consultation pour inclure des événements sportifs féminins dans la liste des événements d’importance majeure qui sont protégés et donc obligatoirement proposés aux chaînes en clair », assurait-elle alors, convaincue du levier d’action important que cela pourrait constituer.
2022 : l’espoir d’un mieux pour le sport féminin
Si pendant des années les seules sportives que la télévision voulait bien diffuser étaient celles qui participaient aux championnats mixtes comme le tennis ou les Jeux Olympiques, les manifestations exclusivement féminines commencent doucement à se faire une place. L’année 2022 a été particulièrement encourageante en la matière.
D’ici quelques jours et jusqu’au 31 juillet, l’Euro féminin de football sera intégralement diffusé par les chaînes du Groupe TF1. Cela sera aussi le cas en octobre 2022 pour la Coupe du monde de rugby femmes et en novembre 2022 pour l’Euro féminin de handball. À partir du 24 juillet, le groupe public France Télévisions diffusera quant à lui la toute première édition du Tour de France femmes.