A la découverte de l’exposition de Christian Louboutin qui ouvre au public ce samedi à Monaco

Le Grimaldi Forum abrite pour l’été une exceptionnelle exposition que le célèbre chausseur a pensé pour partager son travail et ses goûts d’esthète, comme une symphonie flamboyante.

« Ca fait shebam, pow, blop, wizz » comme dans la chanson de Gainsbourg, et surtout waouh pour l’exposition Christian Louboutin « L’exhibition-iste », tant elle regorge d’esthétique, de surprises et de trésors, déployés sur 2.000mètres carrés au Grimaldi Forum.

Le reflet « d’un homme en perpétuelle quête d’idées », estime Olivier Gabet, commissaire de l’exposition qui accueillera ses premiers visiteurs ce samedi. En entrant au musée, le créateur – devenu iconique dans l’univers de la mode avec ses souliers de luxe – entraîne avec lui ses goûts éclectiques pour le beau, l’art et l’artisanat.

Montée en trois semaines, mobilisant 120 personnes jour et nuit dans les dernières heures, l’exposition est en place jusqu’au 28 août. Cinquante et un jours seulement pour se délecter d’un dédale de salles, qui place le visiteur dans la position d’Alice au Pays des Merveilles, sans savoir jamais ce qui se cache derrière la porte à franchir.

(Photo Axel Bastello/Palais princier)

ARTISAN EXCENTRIQUE

La porte d’entrée justement s’ouvre au son de Casse-noisette, comme un conte de fées qui démarre, dans un écrin aussi rouge que les semelles des chaussures griffées Louboutin. Une mise à condition qui pose les bases. Christian Louboutin est un chausseur, devenu en trois décennies, probablement le plus célèbre de sa discipline. On porte des « Louboutin » comme une « Rolex » ou un « Kelly ».

Les vitrines regorgent de ses premières créations à talons, dans un espace dominé par des vitraux mystiques commandés par l’artiste reflétant ses fétiches. Ambiance Saint Chapelle de la chaussure. L’excentrique commence à poindre. Et la volonté est de montrer le travail d’orfèvrerie pour créer une chaussure aussi.

Dans une série de vidéos ludiques, le créateur se met en scène pour décrire les étapes de la confection du soulier. Prouvant que la silhouette d’une chaussure s’apparente à un objet de design.

Les installations de paires tournoyantes font alors basculer dans l’onirisme. La salle du Trésor est un sommet. Occupée en son cœur par un gigantesque palanquin abritant un soulier de cristal démesuré. Never too much.

La chaussure devient une héroïne dans un mélange de profane et de religieuxLes yeux ne savent plus où se poser tant il y a de détails à voir.

Trois pas plus loin, changement de décor, nous voici sur le seuil d’un cottage britannique, la maison de Madame Boston-Flouette. Stéphane Bern y joue les guides façon Secrets d’histoire pour inviter les visiteurs à entrer. Déroutant… mais pas autant que les motifs qui peuplent le salon de la vieille dame. Sous l’apparence de l’intérieur d’une granny conservatrice, pointe une imagerie coquine. Les apparences sont (souvent?) parfois trompeuses…

L’intérieur de la maison de Miss Boston-Flouette, où les apparences sont souvent trompeuses.
L’intérieur de la maison de Miss Boston-Flouette, où les apparences sont souvent trompeuses. (Photo Axel Bastello/Palais princier)

MÉGALO? PAS TROP…

Du jardin de Miss Boston-Flouette, la porte s’ouvre alors sur un théâtre du Bouhtan. Un pays qui passionne Louboutin qui a choisi ce décor luxuriant comme écrin à Dita von Teese, qui s’effeuille sur un écran.

Après tout, l’exposition s’intitule « L’exhibition-iste » et le créateur suit le mouvement en accrochant au mur ses photos personnelles conduisant jusqu’à une salle immersive pour découvrir l’œuvre vidéo de l’artiste néo-zélandaise Lisa Reihana affichant les moments, les lieux et les personnalités clés de sa vie.

Megalo? Pas vraiment. Il y a de l’émotion à évoquer ses influences et ses jardins secrets. Christian Louboutin est partageur pour montrer ce qui est beau.

La salle du Trésor et son palanquin fabriqué par des artisans de Séville.
La salle du Trésor et son palanquin fabriqué par des artisans de Séville. (Photo Axel Bastello/Palais princier)

Son musée imaginaire, où se poursuit la visite, en témoigne avec un joyeux mélange d’œuvres chéries, de pièces empruntées dans les collections de musées monégasque et d’une carte blanche offerte au Britannique Allen Jones.

Dans le prolongement, la pénombre donne du relief aux clichés à l’esprit fétichiste exécutés par le cinéaste David Lynch où les modèles sont simplement vêtus de souliers Louboutin! Si sexy que ce n’est pas pour tous les yeux…

Façon super-héroïne, ce soulier concentre le style et la fantaisie des créations de Christian Louboutin.
Façon super-héroïne, ce soulier concentre le style et la fantaisie des créations de Christian Louboutin. (Photo Axel Bastello/Palais princier)

Le Pop Corridor qui clôt le parcours, lui, est pour tous. Comme les bonnes fées d’un conte pour enfants, c’est une galerie de stars chaussées par Louboutin qui s’affiche: Beyoncé, J-Lo, Tina Turner, Leonardo DiCaprio. Même la diva de la soul, Aretha Franklin, dans son cercueil, une paire de Louboutin rouges aux pieds!

"Célébrer l’art à travers le regard d’un créateur contemporain, nous ne l’avions jamais fait", souligne Sylvie Biancheri, la directrice générale du Grimaldi Forum, heureuse de cette exposition qui met aussi en avant le travail de l’atelier parisien de Christian Louboutin, qui crée les modèles sur-mesure de la maison.
« Célébrer l’art à travers le regard d’un créateur contemporain, nous ne l’avions jamais fait », souligne Sylvie Biancheri, la directrice générale du Grimaldi Forum, heureuse de cette exposition qui met aussi en avant le travail de l’atelier parisien de Christian Louboutin, qui crée les modèles sur-mesure de la maison. (Photo Axel Bastello/Palais princier)

En filigrane, beaucoup de stars afro-américaines qui portent Christian Louboutin aux pieds et dans le cœur depuis qu’en 2013, sa ligne de chaussures couleur chair, a été déclinée pour toutes les pigmentations de peaux.

Une décision vue comme un acte sociétal puissant. « Au-delà d’une exposition c’est cette capacité fédératrice de la mode pour parler d’autre chose » souligne Olivier Gabet, « on peut évoquer de choses sérieuses avec une élégante légèreté ». L’exposition en est la preuve.

En 1993, la collection " Pensée " s’inspire des Fleurs de Warhol. La princesse Caroline a sorti ces modèles de ses archives personnelles.
En 1993, la collection  » Pensée  » s’inspire des Fleurs de Warhol. La princesse Caroline a sorti ces modèles de ses archives personnelles. (Photo Axel Bastello/Palais princier)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *