« L’aide humanitaire ne peut être une considération secondaire ni une monnaie d’échange », a lancé Joe Biden, à l’intention du Premier ministre israélien, Benyamin Natanyahu, dans son discours sur l’état de l’Union, ce jeudi soir.
Une échange entre le Président américain et un sénateur a par ailleurs eu lieu en aparté, mais un micro l’a enregistré. On y entend Joe Biden s’agacer du Premier ministre israélien auquel il demande de laisser entrer l’aide humanitaire à Gaza. « Il va bien falloir qu’il en prenne conscience », dit en substance le président américain à propos de Benyamin Netanyahu.
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Sous pression d’une partie de l’opinion américaine ulcérée par la guerre à Gaza, Joe Biden engage son administration et l’armée américaine dans des opérations humanitaires aux résultats incertains au moment où le président doit bien reconnaître que la trêve qu’il annonçait comme imminente il y a une semaine n’est toujours pas là.
Mais si la patience de Joe Biden s’épuise, le président américain en campagne ne remet pas en question le soutien militaire de son pays à l’État hébreu, sous forme de livraisons d’armes. Dans une lettre cette semaine, 37 élus démocrates conjurent ainsi l’administration Biden d’utiliser « tous les outils à sa disposition » pour s’assurer que des armes américaines ne servent pas à un assaut israélien sur Rafah, où plus de la moitié de la population de Gaza est piégée à la frontière fermée avec l’Égypte.
Cinq morts à cause de ces largages humanitaires
Face au besoin d’une population qui subit depuis maintenant plus de cinq mois les assauts de l’armée israélienne – et alors que les autorités israéliennes refusent d’ouvrir plus de points de passage pour faire entrer de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza-, les États-Unis ou encore de la France, participent ainsi à des largages d’aide par avion.
Ces opérations coordonnées par l’armée de l’air jordanienne auraient fait leurs premières victimes cette semaine : cinq personnes ont été tuées par un largage d’aide humanitaire sur Gaza. Cette tragédie a été confirmée par des images diffusées sur les réseaux sociaux montrant un colis dont les parachutes ne sont pas ouverts et qui s’est écrasé sur une maison.
Comment se déroulent ces largages ? Et quelles sont les mesures prises pour réduire les risques ? Selon les sources consultées par RFI, ces opérations de largages d’aide humanitaire font l’objet d’une préparation et d’une coordination entre les différents pays qui y participent. Les zones de largage ciblées sont côtières, principalement des plages, c’est-à-dire les endroits où il y a le moins d’habitations pour éviter tout problème.
Des colis de deux tonnes maximum
Les colis qui sont largués ne dépassent pas les deux tonnes et, dans le cas de l’armée française, ils sont accrochés à cinq parachutes. Des parachutes reliés par un filin à l’avion, ce qui signifie que leur ouverture, une fois largué, est automatique. Au préalable, et pour encore une fois minimiser les risques, de nombreuses données sont prises en compte, notamment la vitesse du vent.
Ces largages sont effectués à basse altitude, là encore pour réduire les marges d’erreur. Si un avion français, un C-130 a bien effectué depuis le 4 janvier, six opérations de largage d’aide humanitaire, avec des vivres principalement, il est loin d’être le seul à opérer dans cette zone.
Des avions américains et jordaniens participent également à cette opération dirigée par Amman, qui compte aussi avec la coopération des Émirats arabes unis. Des pays qui, tout comme la France, rejettent toute responsabilité dans la mort des cinq Palestiniens lors d’un largage d’aide humanitaire cette semaine.
Comme le note le New York Times à propos des parachutages d’aide humanitaires dans un territoire, où tombent aussi des bombes de fabrication américaine : c’est à la fois la vie et la mort que les États-Unis font pleuvoir dans le ciel de Gaza.