Des soldats se sont retrouvés encerclés par les flammes alors qu’ils étaient évacués de Beni Ksila, dans la préfecture de Béjaïa (est), accompagnés d’habitants de hameaux limitrophes, a indiqué pour sa part le ministère de la Défense. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a adressé ses condoléances aux familles en évoquant des « victimes civiles » mais aussi « militaires ».
En Tunisie voisine, dans la zone frontalière de Tabarka, dans le nord-ouest, de graves incendies ont repris lundi près d’une région déjà ravagée par les flammes la semaine précédente. Une équipe de l’AFP a pu constater d’importants dégâts à la hauteur de Nefza, à 150 km à l’ouest de Tunis, où des hélicoptères et des bombardiers d’eau Canadair sont intervenus.
« Environ 300 habitants du village de Melloula ont été évacués par voie maritime » par mesure de précaution face aux fortes rafales de vent attisant les incendies, selon Houcem Eddine Jebabli, porte-parole de la garde nationale tunisienne, qui a également évoqué de nombreux départs par voie terrestre. « Ils ont été transférés dans des centres d’accueil à Tabarka ou hébergés chez des proches », a précisé à l’AFP Moez Triaa, porte-parole de la Protection civile.
Entre dimanche et lundi, l’Algérie a enregistré 97 départs de feux dans 16 préfectures mais les incendies les plus violents ont touché Béjaïa, Bouira et Jijel, avait indiqué le ministère de l’Intérieur dans un communiqué. Poussés par des vents très forts, ils ont atteint des zones d’habitations dans ces trois préfectures où 1 500 personnes menacées par les flammes ont été évacuées, selon le ministère. L’Algérie fait face à une canicule intense dans certaines régions touchées, avec des pics de températures à 48 degrés lundi, qui contribuent à assécher la végétation, la rendant plus vulnérable aux départs de feux. En Tunisie, les températures ont atteint 49 degrés.
Quelque 8.000 agents de la protection civile et 525 camions étaient toujours à pied d’œuvre lundi soir dans 11 wilayas, où des incendies qui ont ravagé des forêts, des maquis et des champs étaient encore en cours, selon les autorités. Des avions et des hélicoptères anti-incendie affrétés récemment ainsi qu’un bombardier à grande capacité de type Be-200 sont intervenus pour larguer de l’eau sur les feux. Le ministère de l’Intérieur a appelé les citoyens à « éviter les zones touchées et à utiliser les numéros verts mis à disposition pour effectuer tout signalement » d’incendie.
Des étés 2021 et 2022 déjà meurtriers
Chaque été, le nord et l’est de l’Algérie sont frappés par des feux de forêt, de maquis et de récoltes, un phénomène qui s’accentue d’année en année sous l’effet du changement climatique, entraînant sécheresses et canicules. En août 2022, de gigantesques incendies avaient fait 37 morts dans la région d’El Tarf, dans le nord-est. L’été 2021 avait été le plus meurtrier depuis des décennies : plus de 90 personnes avaient péri dans des feux ayant dévasté le nord, en particulier la Kabylie.
Les autorités avaient sonné la mobilisation à l’approche de l’été. Fin avril, le président Tebboune a ordonné l’acquisition de six avions bombardiers d’eau de taille moyenne. En attendant leur arrivée, le ministère de l’Intérieur a annoncé en mai l’achat imminent d’un bombardier d’eau et la location de six autres en Amérique du Sud. Les autorités ont également procédé à l’aménagement d’aires d’atterrissage d’hélicoptères dans 10 wilayas (préfectures) et mobilisé des drones de fabrication locale pour la surveillance et la prévention des incendies. L’Algérie avait passé commande à la Russie de quatre bombardiers d’eau, mais leur livraison a été retardée par les « répercussions de la crise en Ukraine », après l’invasion de ce pays par la Russie.