La dernière journée d’adieux à Elizabeth II aura été à l’image des 12 jours qui ont suivi son décès le 8 septembre dernier : chargée d’une immense émotion populaire, soigneusement mise en scène, avec toute la pompe des traditions séculaires de la monarchie britannique. Elle avait été planifiée depuis au moins 20 ans.
En milieu de matinée, au son des cornemuses, le cercueil de la souveraine, surmonté de la scintillante couronne impériale, a quitté Westminster Hall, la partie la plus ancienne du Parlement, pour rejoindre l’abbaye de Westminster voisine. Des dizaines de marins le tiraient, suivis du roi Charles III, ses frères et sœur et ses enfants, les frères William, l’héritier, et Harry. Ils ont été rejoints dans l’abbaye par la reine consort Camilla, Kate, la nouvelle princesse de Galles, et Meghan, l’épouse d’Harry. Mais aussi les deux aînés de William et Kate, George, neuf ans, désormais deuxième dans l’ordre de succession, et Charlotte, sept ans, très impressionnée sous son petit chapeau noir.
Dans l’assistance, des chefs d’État et de gouvernement du monde entier, dont les présidents américain Joe Biden et français Emmanuel Macron ; les six anciens Premiers ministres britanniques encore en vie, de John Major à Boris Johnson ; et les têtes couronnées européennes, du roi d’Espagne Felipe VI au roi Philippe de Belgique en passant par le prince Albert de Monaco.
Silence poignant
« Dans un discours connu, prononcé pour ses 21 ans, sa défunte Majesté a déclaré que sa vie entière serait consacrée au service de la nation et du Commonwealth », a rappelé l’archevêque de Canterbury Justin Welby, chef spirituel de l’Église anglicane qui était dirigée par la reine. « Rarement une promesse aura été aussi bien tenue », a-t-il ajouté, rendant hommage à une reine « joyeuse, présente pour tant de monde, touchant une multitude de vies ». La cérémonie s’est achevée par deux minutes d’un silence poignant, observées à travers le pays, avant l’hymne national qui désormais célèbre Charles III, God Save the King.
Après un défilé réunissant 6 000 soldats à travers Londres, le cercueil a rejoint Windsor, à une quarantaine de kilomètres à l’ouest de la capitale britannique. Jetant une fleur, applaudissant ou essuyant une larme, des milliers de personnes se sont massées le long des routes menant à la résidence où Elizabeth, encore princesse, s’était réfugiée pendant la Seconde Guerre mondiale, puis a passé l’essentiel de ses dernières années.
La procession, encadrée des gardes royaux à uniforme rouge et bonnets de fourrure noire, est arrivée en parcourant au pas la Longue promenade traversant le domaine. À l’issue d’une ultime procession solennelle, au pas à travers un domaine de Windsor noir de monde, et une cérémonie religieuse devant 800 personnes, le cercueil a été lentement descendu dans le caveau royal de la chapelle. Peu avant, le lord-chambellan avait brisé son bâton puis l’avait placé sur le cercueil, geste symbolique pour signifier la fin de son règne.
Elizabeth II a ensuite disparu à jamais des yeux du monde. L’hymne britannique a retenti et c’était fini. Il ne restait à la famille proche qu’une dernière occasion de se recueillir, en privé, dans la soirée pour le transfert du cercueil, avec celui de Philip, l’époux d’Elizabeth II décédé en 2021, dans le mémorial George VI de la chapelle, aux côtés des parents d’Elizabeth II et de sa sœur Margaret.