Tout part d’un site internet « Voice of Europe » (« la Voix de l’Europe », en français). Ce site, basé en République Tchèque, a récemment attiré l’attention des services de renseignement. Après enquête, il s’est avéré qu’il était financé par un proche de Vladimir Poutine avec pour mission de diffuser la propagande russe sur l’Ukraine.
Prague a fait fermer le site et affirme que celui-ci constituait la pierre angulaire d’une chaîne d’influence pro-Moscou qui s’étendrait jusqu’au sein-même du Parlement européen. L’information a été confirmée cette semaine par le Premier ministre belge Alexander De Croo devant la Chambre des représentants belge. « La Russie a payé pour promouvoir sa propagande, il s’agit de parlementaires touchant de l’argent », a même précisé le chef du gouvernement.
« La Russie tente tout pour essayer de nous diviser »
Aucun nom n’a encore filtré pour le moment. Mais pour Nathalie Loiseau, eurodéputée renaissance, la corruption de députés européens n’aurait rien d’étonnant : « Je suis à la fois choquée et pas surprise parce que l’on sait que la Russie tente tout pour essayer de nous diviser et pour essayer d’affaiblir les démocraties. Dans les partis d’extrême droite européens, on voit beaucoup de complaisance et une ambiguïté avec la Russie que la guerre d’agression russe en Ukraine n’a pas vraiment changé si on regarde les votes des uns et des autres. »
En plus de l’enquête judiciaire, le groupe Renaissance au Parlement a demandé une enquête interne sur ce réseau d’influence. C’est le cas également du groupe des Verts. Chacun y voit une question de crédibilité et un enjeu d’information pour les électeurs à quelques semaines du scrutin européen. « Poutine tente de s’en tirer avec sa guerre en Ukraine (…) c’est une attaque directe contre le tissu même de notre démocratie, les politiques ayant reçu de l’argent doivent être sévèrement punis, tant politiquement qu’en justice », a insisté l’élue allemande Terry Reintke, l’une des deux têtes de listes des Verts pour le scrutin. De son côté, « le Parlement examine actuellement, en coordination avec ses partenaires institutionnels, les conclusions des autorités tchèques, notamment concernant le média Voice of Europe », a indiqué à l’AFP une porte-parole de l’institution.