Alors que la sortie d’Avatar 2 se rapproche sérieusement, le producteur Jon Landau s’est exprimé sur la repoussante mode de la 3D qu’avait lancée le premier.
Ça y est, Avatar : La Voie de l’eau est enfin sur le point de sortir dans les salles de cinéma du monde entier. Plus gros succès de l’Histoire du cinéma (hors inflation) et révolution technologique, Avatar a redistribué les cartes de ce qu’était un film de divertissement à l’aube de deux décennies qui seront pourtant marquées par l’arrivée des super-héros Marvel.
Mais de cet exploit technique et artistique n’a pas été tiré que du bon. Outre les CGI à outrance qui parasitent encore régulièrement le caractère organique de certains gros blockbusters, la démocratisation de la 3D qu’a permis Avatar a finalement stimulé la légendaire cupidité d’Hollywood qui n’y a vu qu’une nouvelle mode sur laquelle surfer. Le producteur des deux films réalisés par James Cameron, Jon Landau, a récemment commenté cette ancienne mouvance au micro du Hollywood Reporter :
« Je pense que des personnes se sont perdues et qu’il y a eu une période où les gens pensaient que convertir un film en 3D le rendait meilleur. La 3D ne change pas le film, la 3D exacerbe ce que le film est déjà. Je pense que les gens l’utilisaient après coup dans le processus de fabrication au lieu de manipuler la 3D comme un élément créatif — qui n’est pas différent de l’éclairage, de la mise au point, des mouvements de caméra — qui a besoin d’un réalisateur pour apporter de la sensibilité et un savoir-faire qui améliore la narration. »
Sur les 2,8 milliards de dollars récoltés dans le monde par Avatar, 70% des recettes ont été gonflées par l’exploitation du film en 3D. Pas très étonnant qu’un tel succès ait donné des envies à Hollywood de puiser dans ce nouveau bac à sable en relief, quitte à en faire un outil marketing pour superficiellement gonfler le prix des places de cinéma.
C’était le cas pour Le Choc des Titans et Le Dernier Maître de l’air, deux longs-métrages victimes du processus qui a tiré une balle mortelle dans le pied de la 3D : la post-conversion. Le cas du film réalisé par Louis Leterrier est particulièrement signifiant : dans la foulée du succès d’Avatar, le film s’est vu imposé une reconversion 3D assénée à la va-vite, rendant le résultat très inégal, pour ne pas dire complètement illisible.
Ajoutons à ça un bon nombre de produits surmarketés avec une 3D quasiment invisible, et il a fallu moins d’une décennie pour que la mode des projections en relief s’effondre. En 2017, les recettes au box-office américain cumulées grâce à la 3D ont chuté de 55% par rapport à celles de 2010. La société IMAX a alors décidé de freiner l’exploitation de films en relief, aboutissant à 70% de revenus en moins engrangés en 2019 par rapport à 2010.
Le relief comme nouvel outil de narration et d’immersion a aujourd’hui quasiment disparu des salles de cinéma. La mission de Disney avec la sortie d’Avatar 2 est alors de faire un retour en force de la 3D, celle que James Cameron et son équipe avaient imposée comme un réel choix artistique en 2009, et non comme une plus-value marketing. Pour rappel, le long-métrage débarquera dans les salles de cinéma le 14 décembre prochain.