Cisjordanie occupée: Jénine confrontée à une «guerre d’infrastructures» menée par Israël

Depuis dimanche et son entrée – remarquée – dans Jénine et ses environs avec une colonne de chars, l’armée israélienne s’en prend en particulier à deux réseaux : le réseau de distribution d’eau et le réseau routier. Avec d’énormes bulldozers blindés, les soldats israéliens défoncent littéralement les routes d’accès à Jénine. Officiellement pour empêcher les combattants du Jihad islamique et du Hamas de se déplacer. En réalité, cela impacte surtout les habitants. Et en détruisant les routes, les canalisations sous la chaussée sont détruites, elles aussi.

Certains, comme ces deux hommes rencontrés sur place, tentent de réparer les routes. « Vous voyez, les gens ne peuvent pas circuler », indique l’un d’eux. « Avec mon tracteur, je donne un coup de main. L’occupation ne fait pas de différence entre civils et combattants, mais il n’y a plus de combattants ici !  » « Même avec ce qu’ils font, on restera là ! », s’exclame l’autre. « À chaque fois, les juifs cassent, à chaque fois, on répare. Même s’ils détruisent les maisons un million de fois, nous les rebâtirons un million de fois. »

Cette « guerre d’infrastructures » empêche aussi les habitants du camp de déplacés de rentrer chez eux. Les routes du camp ne sont plus que d’énormes flaques de boue et des soldats patrouillent à l’intérieur et somment, arme au poing, tous ceux qui s’y aventurent pour récupérer des affaires, de faire demi-tour. Le ministre de la Défense israélien a déjà fait savoir qu’il ne fallait pas que les habitants qui ont fui – c’est-à-dire tous – s’attendent à pouvoir rentrer chez eux avant une année.

Des bulldozers militaires israéliens détruisent une route du camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, le 25 février 2025.
Des bulldozers militaires israéliens détruisent une route du camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, le 25 février 2025. AFP – JAAFAR ASHTIYEH

Israël conforté dans ses positions

Si l’armée israélienne a décidé d’envoyer les chars et de vider ces camps maintenant, on peut raisonnablement évoquer trois raisons. D’abord, avec l’arrivée de Donald Trump et son soutien total à la politique menée par Benyamin Netanyahu, Israël se sent conforté dans ses positions et estime que c’est donc le bon moment pour intensifier ses opérations militaires en Cisjordanie occupée.

Ensuite, le Hamas est affaibli et les combattants du Jihad islamique, dont le camp de Jénine était l’un des fiefs, ont, semble-t-il, quitté la zone ces derniers jours, selon les habitants rencontrés sur place. Il n’y a donc pas de résistance à l’avancée de ces chars et Israël en profite pour occuper le terrain.

Enfin, il y a presque une semaine, l’État Hébreu a dit avoir été victime d’une tentative d’attentat raté après des explosions dans des bus vides près de Tel-Aviv. Un attentat jamais revendiqué, mais ce déploiement de chars en Cisjordanie pourrait aussi être des représailles à ces explosions dans des bus.

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