Le Congrès colombien a approuvé jeudi une réforme fiscale visant à taxer les plus riches ainsi que le secteur pétrolier. C’était l’une des principales promesses de campagne du nouveau président de gauche Gustavo Petro.
Le projet de loi a été approuvé successivement par les deux Chambres mercredi et jeudi, a annoncé le porte-parole du gouvernement Alfonso Prada. « Le gouvernement du changement offre au pays une réforme progressive et équitable qui nous mènera sur la voie de la paix totale et de l’équité », a-t-il écrit sur Twitter. Un gouvernement qui a fêté le 15 novembre ses cent premiers jours de pouvoir.
La loi, qui vise à réduire les écarts de revenus en Colombie, l’un des pays les plus inégalitaires au monde, prévoit 20.000 milliards de pesos (4 milliards de dollars) de recettes supplémentaires pour 2023 (soit 1,7% du PIB), qui seront consacrées à des investissements sociaux, et jusqu’à 23.000 milliards en 2026.
Le Parlement a montré qu’il était « au service de ceux qui en ont le plus besoin », s’est félicité dans la foulée Gustavo Petro, premier président de gauche de l’histoire de la Colombie, investi le 7 août dernier. Quelque 12 % de la population est en état de pauvreté extrême, rappelait sur RFI, Angelica Montes Montoya, docteure en philosophie, spécialiste de l’Amérique latine. Les 10 % les plus riches du pays détiennent 70 % de la richesse nationale.
La Colombie est l’un des pays d’Amérique latine où la part de la collecte de l’impôt dans le PIB est la plus faible : 13% contre 16 % en moyenne.
La réforme prévoit de taxer plus fortement les personnes dont les revenus mensuels sont supérieurs à dix fois le salaire minimum (qui est de 200 dollars). Elle ne concerne pas « 98% de la population », a souligné le ministère des Finances. Elle impose aussi de nouvelles taxes sur le secteur pétrolier (+15%), minier (+10% sur le charbon) et énergétique, avec 11.000 milliards de pesos de nouvelles recettes qui proviendront désormais de ces secteurs. La loi prévoit aussi de nouveaux impôts sur les carburants et les plastiques à usage unique, dont les recettes serviront à financer des programmes environnementaux.
Le texte a donné lieu à un long bras de fer avec les milieux d’affaires et le patronat colombien, qui affirment que la viabilité du secteur pétrolier en particulier (représentant 57% des exportations de la Colombie) est menacée. Son projet initial prévoyait de lever jusqu’à 25.000 milliards de pesos mais le gouvernement a dû faire plusieurs concessions au cours du processus législatif.