La conférence mondiale de l’ONU sur le climat, dont les négociations patinent notamment sur les questions de financement pour les pays pauvres frappés par le changement climatique, sera prolongée jusqu’à samedi, a annoncé ce vendredi son président égyptien Sameh Choukri.
« Je suis déterminé à terminer cette conférence demain », samedi a déclaré M. Choukri, appelant les parties à « passer la vitesse supérieure » dans les négociations, initialement prévues pour s’achever ce vendredi.
Les négociations se sont poursuivies tard dans la soirée hier soir et ce vendredi matin et un projet de texte final a été publié par la présidence égyptienne, rapporte notre envoyée spéciale, Jeanne Richard. Mais le texte reste décevant et incomplet pour la plupart des observateurs. En particulier en ce qui concerne les efforts à faire pour réduire l’utilisation des énergies fossiles, gaz-pétrole-charbon, principales responsables du réchauffement climatique.
Le projet d’accord prévoit de « rationaliser les subventions inefficaces aux combustibles fossiles ». En d’autres termes, le financement de ces énergies polluantes peut continuer. Cela montre le poids des lobbys pétroliers et gaziers à cette COP, souligne un fin connaisseur de ces rendez vous.
Quelques avancées toutefois sont à noter : la nécessité pour les banques multilatérales de développement comme la Banque mondiale d’accélérer la finance verte.
Mais le point crucial reste celui du fonds d’aide «pertes et dommages» demandé par les pays vulnérables aux pays occidentaux pour compenser les dégâts que cause le changement climatique. Pour l’instant le chapitre est tout simplement vide dans le projet d’accord.
L’Union européenne est sortie du bois
L’Union européenne a consenti dans la nuit à la création d’un tel fonds mais à plusieurs conditions : d’une part la Chine devra faire partie des pays contributeurs, d’autre part la proposition européenne est assortie de conditions strictes sur les émissions de gaz à effet de serre.
Après avoir été longtemps opposée à un fonds spécifique pour les pertes et dommages, l’UE accède à cette demande importante pour les pays les plus vulnérables, dont beaucoup sont situés en Afrique. Mais Frans Timmermans a été très clair : les bénéficiaires devront revoir à la hausse leurs ambitions de réduction de gaz à effet de serre.
De quoi irriter les négociateurs de pays qui misent sur les hydrocarbures pour leur développement, certains qualifient déjà la proposition de « pilule empoisonnée ». « Je les invite à analyser la proposition, elle est faite de bonne foi. Je crois qu’elle a des éléments très intéressants pour les pays africains. Et nous sommes à la disposition des délégations africaines pour en parler », a déclaré Frans Timmermans, au micro de Claire Fages.
Pour l’instant cette proposition européenne n’apparaît pas dans le projet d’accord. Voilà qui laisse présager des débats houleux ce vendredi après-midi. Les discussions sont d’ailleurs prévues à huis clos.