L’équipe du Qatar s’est inclinée 2-0 face à celle de l’Equateur, ce 20 novembre 2022, en ouverture d’une 22e Coupe du monde de football très critiquée. Mais pour les Qatariens, l’essentiel était que l’Al Bayt Stadium, théâtre également de la cérémonie inaugurale, soit au centre de l’attention mondiale.
« Alors vous avez vu ce qu’est vraiment le Qatar ?! » Hamed, jeune qatarien de 16 ans, affiche sa fierté. D’abord recroquevillé sur son siège, lorsqu’on lui tend un micro pour s’exprimer sur le coup d’envoi de la Coupe du monde 2022 sur ses terres, l’adolescent se lâche ensuite, en anglais : « Cette soirée a été vraiment belle, même si on a perdu. Je suis fier de mon pays. Les autres peuvent dire ce qu’ils veulent. »
Ce 20 novembre, Hamed et près de quelques 67.300 autres spectateurs ont assisté à la cérémonie d’ouverture et au premier match de ce tournoi tant décrié pour le sort réservé sur place aux travailleurs migrants, aux minorités et pour son impact environnemental.
Un rassemblement pour lequel, il valait mieux arriver tôt. Plusieurs interminables files de véhicules ralliant en effet Doha au Al Bayt Stadium, construit aux portes du désert et d’Al Khor, cité du nord-est du petit mais richissime Etat du golfe persique. Un Al Bayt Stadium théâtre de cet événement planétaire voulu coute que coute par la famille régnante, les Al Thani.
L’acteur américain Morgan Freeman, en narrateur
L’ancien émir Hamad, puis son fils Tamim, l’actuel souverain, ont ainsi le droit à la clameur du public local, lorsqu’ils apparaissent sur les écrans géants du stade.
Puis la cérémonie commence avec l’acteur américain Morgan Freeman, célèbre pour ses qualités de narrateur, qui invite le monde entier à le rejoindre dans cet édifice gigantesque, bâti sur le modèle d’une tente bédouine traditionnelle : « Nous nous rassemblons tous ici en une grande tribu. »
S’ensuit un spectacle de sons et lumières durant lequel sont rendus des hommages aux chants des supporters de différents pays (dont un « Allez les Bleus »), aux hymnes des précédentes éditions (« Waka Waka », de Shakira), le tout avec les mascottes du passé – dont le Footix du Mondial 1998. Une manière d’inscrire cette Coupe du monde 2022 tant décriée, notamment en Europe et en Amérique du Nord, dans l’histoire de la compétition… « De la part du Qatar du monde arabe, je souhaite la bienvenue à tout le monde », déclare Tamim Al Thani.
L’équipe d’Equateur, elle, ne s’est pas priée pour faire comme chez elle. Elle s’est imposée 2-0 grâce face à un doublé de son attaquant Enner Valencia, après avoir même eu un but invalidé en tout début de rencontre pour un hors-jeu peu évident. Un revers accueilli par le silence et les regards impavides de nombreux fans de Maroon, eux, crispés par l’enjeu. Certains supporters ont même commencé à quitter les lieux dès l’heure de jeu. « Je suis heureux, jure pourtant Samir, la quarantaine, en levant les bras en l’air. Et vous, êtes-vous content ? Parce que si vous êtes content, je suis content aussi, lance-t-il, amusé. Tout ça, c’est pour vous ». L’essentiel, il est vrai, était sans doute ailleurs que sur le terrain, ce soir, pour le Qatar.